La nouvelle tarification du transport collectif urbain proposée par le ministère des Transports a besoin d'être débattue, éclaircie et expliquée aux opérateurs avant son éventuelle application sur le terrain, nous a affirmé Abdelkader Boucherit, président du Syndicat national des transporteurs de voyageurs et de marchandises. Pour lui, cette nouvelle tarification élaborée par l'administration centrale «est floue et contient beaucoup d'ambiguïtés». Il cite, à titre d'exemple, les distances servant de base dans l'élaboration de cette tarification et qui ne répondent pas à la réalité du terrain. «Cette tarification n'est pas claire. Elle évoque des rayons de dix et trente kilommètres alors que le transport urbain de voyageurs et de marchandises démarre d'un kilommètre», a-t-il expliqué. Il ira plus loin en avançant l'éventualité de la révision de cette tarification dans le cas où elle risque de mettre les voyageurs dans l'embarras. «Si les distances de moins de 10 km sont comptabilisées à 20 DA, à ce moment-là, il faut revoir cette tarification», a-t-il dit, car «on ne veut pas avoir des problèmes avec les usagers de la route». Notre interlocuteur déplore «la non-association des professionnels du domaine dans l'élaboration de cette tarification et la prise de décision finale, ce qui aurait permis d'éviter ces incohérences». M. Boucherit rappelle que la revendication exprimée par la Fédération des transporteurs depuis plus de trois ans consiste en «la réglementation des tarifs de transports» puisque, jusque-là, les transporteurs augmentaient les prix à leur guise sans se référer à aucune base. «Mettre en place une tarification est une très bonne chose. Il faut maintenant discuter de son application sur le terrain pour éviter des problèmes avec les usagers». A ce propos, il annonce «la tenue de plusieurs réunions avec les représentants des syndicats au niveau local pour transmettre les bonnes informations aux opérateurs». Pour lui, «les transporteurs cherchent la rentabilité de leur investissement mais sans que cela ne porte préjudice à l'intérêt du citoyen et du secteur de façon générale». Quoique le communiqué du ministère évoque «de nouveaux réajustements des tarifs, applicables à partir de mardi (hier NDLR) pour le transport collectif urbain de voyageurs et du transport par taxis, notre interlocuteur parle, quant à lui, d'un report de la mise en œuvre de cette décision jusqu'à la fin de la série de réunions avec les représentants des opérateurs». Les explications du département de Amar Tou Le ministère explique que «l'ajustement des tarifs intervient dans le cadre de la prise en charge objective et progressive de l'évolution des différents constituants des coûts d'exploitation des moyens de transport des voyageurs». Ainsi, pour le transport collectif urbain de voyageurs dans un rayon de 30 km maximum, le ministère a fixé les tarifs du ramassage à 20 DA (un rayon de 10 km), 30 DA (20 km) et 35 DA (30 km). Cette nouvelle grille des tarifs plafonne également le transport par taxis individuel et collectif. Les tarifs plafonds applicables au transport par taxi individuel sont de 15 DA/km. La prise en charge en course s'élèvera à 20 DA par km, stationnement pour attente (15 mn) à 20 DA et le transport de bagages supérieur à 15 kg sera facturé à 10 DA. En ce qui concerne le ramassage par taxi collectif, la place sera facturée à trois DA/km pour l'intercommunal et l'interwilayas, et à cinq DA/km pour le transport urbain. Le département de Amar Tou compte annoncer «incessamment» les réajustements concernant les tarifs à appliquer pour le transport routier des voyageurs au-delà de 30 km (inter-wilayas). Interrogé sur l'anarchie qui règne dans le secteur des transports urbain où les opérateurs ne respectent pas les clauses des cahiers des charges notamment en ce qui concerne le respect des horaires de travail, les règles d'hygiène et de bonne conduite, M. Boucherit estime que «la balle est dans le camp des transporteurs qui doivent fournir un effort supplémentaire pour améliorer les services». A ce propos, il rappelle que l'Etat avait mis en place les moyens nécessaires leur permettant d'acquérir des bus neufs à travers des dispositifs Ansej, Angem et autres. Pour lui, un contrôle rigoureux doit être opéré par l'Etat pour «la vérification du respect des cahiers des charges sur le terrain». Il recommande également d'interdire l'attribution des lignes de transport aux opérateurs n'ayant pas de bus neufs.