«Les ksour ont été désertés suite à des idées fausses qui considèrent que ce type d'architecture appartient au passé et ne répond pas aux normes modernes de confort.» C'est ce que déplore Yasmine Terki, commissaire du festival «Archi'Terre»,commissaire de l'exposition «De Terre et d'Argile» et directrice du Centre algérien du patrimoine culturel, bâti en terre, «Cap-terre». Intervenant lors de la rencontre nationale sur le patrimoine bâti, tenue à Ghardaïa, les 6 et 7 novembre, cette spécialiste en architecture de terre rappelle que la terre : cette matière première utilisée, depuis des millénaires, dans la construction économique, naturelle, de qualité, facile à entretenir et à réparer, est retrouvée partout en Algérie. Mais beaucoup, même des étudiants en architecture, ne savent pas que cette matière est amie de la santé : elle absorbe l'humidité et de l'environnement : c'est un matériau de construction». Selon Yasmine Terki, le patrimoine bâti en terre est dans un état de ruine avancée. «La majorité des populations a quitté les ksour pensant qu'ils n'assurent pas de confort moderne ou de commodités», se désole-t-elle, ajoutant : «Même les architectes le disent par ignorance car ils n'ont été formés que sur le matériau moderne.» Faisant partie des spécialistes qui attirent l'attention sur ce savoir-faire ancestral, en voie de disparition, et dont l'utilisation évolue actuellement aux Etats-Unis suite à la forte demande car devenu une mode, le coordonnateur du programme du Pnud «Routes des k'sour» (qui touche 4 wilayas du Sud : Ghardaïa, Adrar, Ouargla et Béchar), Mustapha Hafsi, appelle à convaincre les populations, sur ce matériau noble, millénaire et de réputation internationale, tout en répondant aux exigences climatiques. Invitant au retour aux matériaux traditionnels de construction, et également à construire avec le matériau d'actualité, mais à base de terre, cet architecte principal à la direction de l'urbanisme de Ouargla et président de l'association pour la protection du k'seur de Ouargla, précise qu'il est économique, moins cher, disponible sur le territoire national. «Il reste le circuit de sa mise en œuvre avec des techniques modernes.» M. Hafsi soutient que les matériaux traditionnels de construction (la chaux, la terre, la pierre), sont d'une large disponibilité locale et que nous disposons d'un savoir-faire ancestral local, propre à chaque région. «La problématique aujourd'hui, est de sauvegarder ce patrimoine immatériel en déperdition.» C'est dans cet objectif qu'a été organisé au mois de novembre, le Festival international «Archi-Terre», selon sa commissaire Yasmina Terki, directrice du Centre algérien du patrimoine culturel, bâti en terre, «Cap-terre»,qui sera bientôt opérationnel dans l'oasis Rouge de Timimoun.