Persistance - La proposition de geler la grève a été rejetée par les travailleurs, qui ont décidé de poursuivre le débrayage jusqu'à satisfaction de leurs revendications. La grève des postiers, qui a commencé le 30 décembre dernier, «se poursuivra jusqu'à satisfaction des revendications», ont annoncé, hier, en fin de soirée, des syndicalistes d'Algérie Poste, qui ont précisé que leurs revendications «ne se limitent pas aux indemnités, mais concernent également les mauvaises conditions de travail». Nous apprenons aussi que le syndicat d'entreprise d'Algérie Poste s'est réuni, hier, et a décidé de geler la grève pour une durée de un à deux mois «en vue de donner le temps nécessaire au directeur général de satisfaire les revendications des travailleurs». La décision a été rejetée par les travailleurs qui ont décidé de poursuivre la grève jusqu'à satisfaction de toutes leurs revendications. «Nous craignons qu'une fois que le travail aura repris, ils oublient nos revendications», diront plusieurs travailleurs rencontrés ce matin devant la Grande-Poste, au moment où une chaîne interminable se constituait devant le portail du Centre des chèques postaux. Le directeur général d'Algérie Poste s'est, de son côté, réuni hier avec les cadres de son entreprise, «pour trouver une solution». Cependant, ce matin encore, les protestataires déclaraient ne pas prendre en considération les décisions du directeur général. «Nous voulons des engagements et des garanties de M. Sellal», nous disent plusieurs protestataires. En outre, la grève des postiers, au-delà de la légitimité des revendications des travailleurs d'Algérie Poste, dont les facteurs, a des conséquences multiples sur la vie quotidienne des usagers de cette administration. Outre l'impossibilité d'effectuer des opérations financières, dont les retraits de salaire, pensions et autres, et les versements, la fermeture des bureaux d'Algérie Poste entraîne aussi des dysfonctionnements qui touchent d'autres secteurs, dont la justice et les impôts. C'est ainsi que de source judiciaire, nous apprenons qu'une moyenne de 1 000 convocations adressées par la justice passent quotidiennement par la poste. Ce sont donc, depuis le début de la grève, plus de10 000 convocations adressées par différents tribunaux qui ne sont pas parvenues à leurs destinataires. La question qui se pose est de savoir si la justice prendra en considération la grève actuelle d'Algérie Poste et, de ce fait, éviter de pénaliser les citoyens convoqués. D'autres citoyens sont confrontés aux conséquences de la grève : ceux ayant des impôts à payer. Ils risquent des pénalités pour non-paiement des taxes s'ils ne reçoivent pas les convocations qui leur sont adressées par les services des impôts. Le problème se pose sérieusement en l'absence d'un service minimum, pourtant garanti par la loi en la matière. Autre conséquence non moins pénalisante pour les citoyens, la non-distribution de colis postaux avec tous les désagréments que cela peut engendrer. Les conséquences sont d'autant plus dramatiques quand des citoyens attendent des médicaments qui devraient arriver par colis de l'étranger, et qui ne leur parviennent pas. Les engagements du ministre Le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (MPTIC) a assuré, hier, veiller à ce qu' Algérie Poste (AP) parachève les dossiers en relation avec les revendications des travailleurs, contenues dans la convention de mai 2011 signée entre AP et son partenaire social. Le ministère «veillera à l'avancement vertical et horizontal pour les travailleurs dûment bénéficiaires, à l'enrichissement de la nouvelle nomenclature des postes de travail et au repositionnement des travailleurs sur les fonctions réellement exercées», a indiqué le secrétaire général du MPTIC, Mohamed Bait, devant la presse. M. Bait donnait lecture d'un communiqué ayant sanctionné une réunion du conseil d'administration d'AP, d'une part, et une réunion entre le ministre et le P-DG d'AP, d'autre part. Le ministère, en tant que tutelle d'AP, «mobilisera tous les moyens permettant à cette dernière d'améliorer les conditions de travail de ses personnels à travers le territoire national et s'engage à mettre en place les mécanismes nécessaires pour la prise en charge des revendications des travailleurs», a affirmé M. Bait. Il a, en outre, invité les représentants des travailleurs au dialogue et à la concertation pour «assurer le développement d'AP en tant qu'entité économique et en tant qu'entité ayant également un rôle social à travers le service public de qualité qu'elle doit assurer au citoyen sur tout le territoire national». A ce titre, M. Bait a souligné que tous les moyens seront mobilisés et des mesures «adéquates» seront prises pour une «réelle transformation d'AP», conformément à ce qui est attendu par ses usagers et conformément aux aspirations de ses travailleurs. «Le ministère tiendra informés les citoyens et les travailleurs du contenu de ces actions et mesures, ainsi que du déroulement de leur mise en œuvre», a-t-il précisé. A une question de la presse relative au mouvement de grève du personnel d'AP, le secrétaire général du MPTIC a indiqué qu'il a «grand espoir qu'il y aura reprise du travail demain (mardi)». S'agissant de l'octroi d'une prime de 30 000 DA, revendiquée par les travailleurs d'Algérie Poste, le secrétaire général du MPTIC a indiqué que c'est AP qui prendra en charge ce volet. Il a ajouté que le MPTIC «tient ses engagements, au même titre qu'Algérie Poste», relevant dans le même temps que le budget d'AP a connu «un déficit de près de 700 millions de dinars» en 2011.