Les photographies de Karim Abdesselam se caractérisent par une touche particulière dans la prise de vue. Pour ce dernier, la photographie est d?abord une héliographie, voire une écriture en image de l?instant. Dans ses photographies consacrées au désert, il y a cette écriture du moment et aussi du temps. Il y écrit la Saoura dans ses formes informelles et son décor fulgurant. Muni de son appareil de photo, Karim Abdesselam erre, prospecte, se promène dans le désert et, en parfaite communion avec des lieux uniques et exceptionnels, il emprisonne dans son objectif ces lumières fortes et magiques, des photographies pleines de luminosité. L?instant est saisi dans son mouvement, il est capté, figé? L?instant et le lieu sont immortalisés à jamais. Et l?image se transmue en un écran sur lequel se figent géométries et figures, paysages et décors. L?artiste transforme le monde matériel en une entité spirituelle et esthétique. Et donc poétique. Il crée des correspondances entre les mondes extérieur et intérieur ; et tel un alchimiste, il combine l?ombre avec la lumière, dans une belle élégance plastique. Karim Abdessalem est un «chasseur» redoutable. Pourvu d?un ?il vif et lucide, il épie, dans un silence méditatif, le moment propice pour chasser la lumière, la cueillir et la recueillir sur le cliché. Lorsque l?astre solaire accomplit dans le ciel la moitié de son parcours, lorsqu?il arrive au zénith, le photographe, inspiré, réalise des scènes rares, d?une beauté saine, majestueuse, où il fait admirablement ressortir, dans une magnificence étonnante, le contraste de l?ombre et de la lumière, une disparité tantôt aiguë, tantôt moins accentuée. Il réinvente le lieu et recrée le temps. Une réfection de la dimension spatiale et temporelle.