Résumé de la 2e partie - A cause d'un cancer au stade final, Gilbert Plantier sera-t-il libéré de prison ? Quand le directeur de la prison reçoit le rapport, il agit très vite. Gilbert Plantier a toujours été un détenu sans histoire et il a, depuis le début, considéré que sa condamnation à trente ans était bien lourde pour un tragique coup de poing. Il transmet immédiatement une demande de grâce au président de la République. Et, cette fois encore, on ne perd pas de temps. Le cas de Gilbert a été exposé par la presse et l'opinion s'est émue en faveur du malheureux. Une procédure accélérée est mise en place et, le 12 février 1962, une ambulance quitte la prison de Béziers. Gilbert Plantier est libre, libre de mourir. Rentré chez lui, il repose dans sa chambre de jeune homme qu'il n'avait pas revue depuis ce fatidique mois de juillet 1946. Au mur, il y a, toujours accrochés, ses gants de boxeur et les photos des champions de l'époque qui étaient alors ses idoles. A son chevet, sa mère se dépense sans relâche. Elle ne le quitte pratiquement pas, ni le jour ni la nuit. Tout le monde, à Chabanet, la plaint et la soutient. On lui apporte des cadeaux. — Renée, l'ancienne fiancée, qui est mariée depuis longtemps et qui habite maintenant Toulouse, lui a écrit une lettre affectueuse. La mère de Gilbert remercie de toutes ces marques de sympathie, mais elle ne laisse entrer personne. Son fils ne veut aucune visite, d'ailleurs il est beaucoup trop faible. Même le curé de Chabanet trouve la porte close. Et le temps passe. On a décidé de respecter la volonté de Mme Plantier, de la laisser seule avec Gilbert. On s'attend à tout instant à apprendre la tragique nouvelle, mais les jours se succèdent et rien ne se produit. Quand ils se rencontrent chez eux, au marché ou à l'église, les habitants de Chabanet commentent ce combat désespéré de Gilbert Plantier contre la mort. Ils hochent la tête. — Y a pas à dire, Gilbert, c'était un costaud ! Quand, quatre mois plus tard, a lieu le match de rugby tant attendu entre Béziers et Chabanet, personne ne fait attention à ce colosse moustachu en maillot de corps rayé. Et c'est la bagarre, l'arrivée des gendarmes et l'incroyable révélation lorsque le commissaire demande ses papiers au meneur : cet homme débordant de vitalité, cette force de la nature, c'est Gilbert Plantier ! Le commissaire n'a pas encore complètement retrouvé ses esprits. Il parvient à articuler : — Mais comment... comment avez-vous guéri ? Gilbert fait avec les bras un geste d'incompréhension. — Je ne sais pas, moi... Un jour je me suis senti de l'appétit et puis j'ai mangé. C'est tout. J'ai pas arrêté de manger. En trois mois, j'ai pris quinze kilos et je grossis tous les jours. Ma mère ne voulait pas que je sorte. Elle avait peur qu'on me remette en prison si on apprenait que j'étais guéri. Mais pour le match contre Béziers, je n'ai pas pu résister... Inutile de dire qu'il y a foule les jours qui suivent à Chabanet. Des journalistes d'abord, venus faire leurs articles sur le «prisonnier miraculé». On interroge la mère, qui entre deux rires et deux larmes, ne peut que dire : — Il a guéri comme ça, tout seul... On va voir le curé pour lui demander s'il croit à une intervention divine. (A suivre...)