Pratique - Les soldes n'arrivent pas à attirer l'intérêt aussi bien des commerçants que des chercheurs de bonnes affaires, laissant la porte ouverte à un «no man's land» commercial. Censés pourtant être un moyen pour encourager la concurrence et doper les ventes et même réaliser les meilleurs chiffres d'affaires de l'année, les soldes en Algérie sont boudés par beaucoup de commerçants, qui voient cette pratique commerciale, ailleurs préparée et soutenue médiatiquement, comme «une mauvaise affaire». «Certains préfèrent même stocker leurs marchandises pendant des années plutôt que les revendre à perte», affirme l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), reprise par l'APS. Sur les centaines de magasins d'habillement, de prêt-à-porter, de chaussures, la direction du commerce de la wilaya d'Alger n'a délivré au 31 janvier que 188 autorisations «seulement» pour les soldes d'hiver. «Le chiffre de demandes d'autorisations de vente en solde représente moins de 1 % des magasins exerçant dans la vente d'habillement et de chaussures seule activité dont on pratique les soldes», a souligné à l'APS, le responsable du contrôle au niveau de cette direction, Mohamed Hadjal. Le nombre de commerçants autorisés à chaque période de soldes est, cependant, en constante augmentation d'une opération à une autre : le nombre est passé d'environ 60 autorisations en 2009 à près de 190 en 2013. Les magasins qui pratiquent les soldes sont répartis à Alger-Centre et Hydra, alors qu'il existe des communes où les commerçants n'ont jamais pratiqué cette opération, selon M. Hadjal. «C'est une question de comportement, la culture des soldes n'est pas encore ancrée chez les commerçants, ce qui est une contradiction en pleine économie de marché», a souligné le directeur général de la réglementation au ministère du Commerce, Abdelaziz Aït Abderrahmane. Selon lui, elle devrait constituer «une opération économique gagnant-gagnant, tant pour le commerçant que pour le client», ajoute-t-il. Les soldes sont autorisés deux fois par an durant les saisons hivernale et estivale. Chaque opération est d'une durée continue de six semaines. Pour la période hivernale, les soldes devraient débuter officiellement au mois de janvier ou de février de chaque année, alors que les soldes d'été s'étalent, selon les programmes, entre le mois de juillet ou août. Les dates de déroulement des soldes sont fixées au début de l'année, par un arrêté du wali, sur proposition du directeur du commerce de la wilaya après consultation des associations professionnelles et des associations de protection de commerce. A Alger, les soldes ont débuté cette année officiellement le 18 janvier et s'étaleront jusqu'au 28 février, indique la direction du commerce de la wilaya. Priorité aux produits locaux Selon des experts, l'inadéquation entre l'offre et la demande entrave la réussite de cette pratique dans un marché où le nombre de commerçants avoisine les 1,5 million pour près de 38 millions d'habitants. «La plupart des commerçants n'ont pas besoin d'attendre les périodes des soldes pour écouler leurs marchandises, puisqu'elles se vendent systématiquement dans un marché où l'offre demeure relativement limitée par rapport au nombre d'habitants», souligne Mohamed Hachemaoui, enseignant en économie. «Les soldes devraient se pratiquer d'abord sur des produits nationaux afin d'encourager - le made in Algeria -, pour toucher ensuite les produits importés», a-t-il estimé, ajoutant qu'«en l'absence d'une abondance de produits nationaux sur le marché, les soldes n'auront pas un grand avenir» en Algérie.