Résumé de la 2e partie - persuadée par la voyante que son amant Peter va quitter son épouse, Renée décide de dire à Michel, son mari, qu'elle le quitte... Tu ne t'es aperçu de rien, c'est normal. Au début, Peter et moi, on hésitait. Le soleil, la mer, et tout ça... on craignait une attirance sans lendemain. Mais c'est plus grave. Il m'aime et je l'aime. Nous nous sommes revus depuis notre retour. Maintenant, nous sommes sûrs de nous. Il va quitter sa femme et je te demande de me rendre ma liberté.» Renée saute les obstacles et va droit au but, exactement comme dans un rallye-moto. Elle est d'une franchise absolument déroutante, autant que brutale. «J'ai consulté une voyante. Elle m'a tout révélé dans les cartes. C'est le destin, Michel. Nous n'y pouvons rien.» Estomaqué, incapable d'avaler une bouchée, perdant ses pantoufles et son sang-froid habituel sous le coup de l'information, Michel bégaie son incompréhension, cherche à remettre les choses en place. «Et Marion ? Qu'est-ce qu'elle devient, Marion ? Elle a voix au chapitre, j'imagine. Peter et elle sont mariés depuis dix ans ! — Il va la mettre au courant ! — Il te l'a dit ? — Oui. Il hésite encore, il a peur de lui faire de la peine... mais c'est inévitable. C'est pourquoi j'ai voulu t'en parler la première ; ça l'aidera à rompre. — Il n'a peut-être pas envie de rompre. Tu es folle enfin ! Je les ai vus ensemble, il y a à peine vingt-quatre heures... Ils avaient l'air amoureux, tu peux me croire ! C'est même une réussite, ce mariage : tu es devenue folle ! Tu t'es imaginé des histoires... Peter est incapable... — Michel, regarde les choses en face. Nous sommes amants depuis les vacances. Je ne vais pas te faire un dessin ni te raconter nos conversations privées ! C'est comme ça. C'est écrit ! Et je suis sûre qu'il va divorcer pour l'amour de moi !» Renée H. lit peut-être beaucoup de romans d'amour, un peu trop. Elle est d'ailleurs en train d'écrire le sien, à coups de phrases toutes faites et de confidences terribles. «Nous nous retrouvons presque tous les jours dans un studio qu'il a loué exprès. Depuis six mois, nous passons au moins deux heures ensemble. — Quand ? Mais quand ? Tu travailles et tu rentres le soir... — A l'heure du déjeuner, Michel...» C'est effarant, ça. Voilà une petite femme honnête et fidèle qui s'est jetée tout à coup dans la luxure, en plein midi ! Michel se prend la tête dans les mains. Il devient fou... Il file à la cuisine, fouille dans les placards et en sort une bouteille de cognac. Une belle bouteille, bien vieille, bien pleine, qu'il débouche avec rage. D'abord un verre. Puis deux. Puis il boit au goulot, c'est plus simple. La bienfaisante chaleur, le soulagement procuré par l'alcool l'assoient brusquement sur une chaise. Il regarde le décor. La petite cuisine bien rangée, les placards, la poubelle, ce petit univers qui semblait inaltérable, intouchable. Il reboit. Et Renée passe avec la vaisselle, fait la vaisselle, l'essuie, la range en le grondant gentiment. «Ne bois pas tout. Tu es malheureux sur le moment, ça passera. Tu referas ta vie, toi aussi. Range cette bouteille ! — Fous-moi la paix ! — Oh ! bon... Je vais me coucher.» (A suivre...)