Jour après jour, la commission d'enquête publique sur la corruption au Québec révèle l'importance de la mafia à Montréal. Ainsi, pour construire un trottoir, les entrepreneurs nés dans le village sicilien de Cattolica Eraclea étaient sûrs d'obtenir le contrat. Les chiffres sont éloquents: sur 53 candidats, six seulement, dont cinq natifs de cette bourgade se sont partagé plus de 90% des juteuses commandes de la municipalité pendant quinze ans. Mais les entrepreneurs en question exaspèrent les enquêteurs de la commission Charbonneau, censée faire la lumière sur la collusion entre l'industrie du bâtiment, les milieux politiques et des fonctionnaires municipaux véreux, sous le patronage payant de la criminalité organisée. Ils ne connaissaient l'existence de la mafia que par les journaux. C'est ce qu'a affirmé, avec un large sourire, le témoin-clé interrogé cette semaine, Nicolo Milioto, ex-patron d'une entreprise qui s'est adjugé un quart du marché des trottoirs entre 1996 et 2011. Surnommé «Monsieur Trottoir», il est soupçonné d'avoir été intermédiaire entre les entrepreneurs organisés en cartel secret et le clan de la mafia.