Réalité - Alger a connu, ces derniers temps, une hausse vertigineuse dans l'activité de lutte contre le crime. C'est ce qui ressort de l'étude menée par le groupement territorial d'Alger de la Gendarmerie nationale. Ce travail affirme qu'il existe une réelle recrudescence de la criminalité où sont impliquées des personnes très jeunes et d'un niveau scolaire très bas. «L'expérience démontre que le système scolaire actuel n'est pas compatible avec les règles élémentaires de la pédagogie et constitue un frein quant à la progression des élèves dans leur cycle progressif», affirme le colonel Ghali Belksir. Mais les raisons qui ont poussé la criminalité juvénile à être plus perceptible sont multiples même si l'école continue à en constituer le point noir. On évoque dans ce contexte le problème de la démission de la famille, l'absence de repères et bien évidemment la défaillance de l'école. On ne peut continuer, non plus, à dissimuler les conséquences désastreuses de la décennie noire. Les victimes de la tragédie nationale ont souffert et souffrent toujours en silence sans aucune prise en charge psychologique. Les affres de cette douloureuse période persistent se traduisant par des comportements violents chez toutes les générations qui ont vécu les années 90. L'insécurité relève «des valeurs transmises à l'enfant par notre société en matière d'affirmation de soi», selon Houria Hacen Djaballah professeur à l'université d'Alger chargée de la psychopathologie de l'enfant et de l'adolescence. «La violence a un rôle de restauration narcissique», explique-t-elle. Cette violence que toute une génération a été forcée de subir, s'est perpétuée et s'est transmise. Car «une vie de violence signifie récréer le pouvoir», rappelle le professeur Djaballah qui déplore l'absence de prise en charge en direction notamment de certaines catégories. «Elle aurait dû concerner tous les enfants et les adolescents qui ont vécu une période dans laquelle ils se sont sentis impuissants pour se défendre.» Les enfants sont les citoyens de demain. Ce sont ceux-là qu'il «aurait fallu prendre en charge psychologiquement», insiste-t-elle. Si pour la gendarmerie, la révision du système scolaire est imminente pour venir à bout de cette criminalité, pour les psychologues, les autorités auraient dû intervenir en amont, soit juste après les années de terrorisme pour éviter la perpétuité d'un phénomène aussi terrifiant que la violence. La solution pour les services de police, quant à eux, est cette nouvelle stratégie basée sur la proximité et l'étude de la criminalité dans chaque wilaya. Celle-ci devrait cibler en priorité les quartiers défavorisés. Le nouveau dispositif s'articule sur deux formes d'intervention : un dispositif de surface qui consiste à déployer un nombre supplémentaire d'effectif, alors que le deuxième volet devrait se traduire par des études de criminalité. Ces enquêtes devraient toucher toutes les wilayas, voire les quartiers connus pour une activité soutenue en matière de criminalité.