Déficience - Devant cette insécurité, les opérations coup-de-poing des services de police se sont multipliées sans pour autant venir à bout de la criminalité urbaine. Chiffres à l'appui, la Direction de la police judiciaire tente de convaincre de l'efficacité de son dispositif. Elle reconnaît toutefois que «la période allant de août 2010 à juillet 2011, a enregistré une activité intense en matière de criminalité qui se décline en vols de véhicules, agressions et rixes sur la voie publique», précise le commissaire principal Samir Chenaf. On parle de 134 000 affaires dont 55% résolues, précise notre interlocuteur qui juge ce taux «très satisfaisant». La criminalité urbaine s'est ainsi installée et s'est banalisée au point de ne choquer personne. Du côté des victimes, le spectre des représailles est si fort qu'elles n'osent même pas porter plainte. Certains préfèrent même quitter le quartier afin d'effacer les traces d'un mauvais souvenir traumatisant. Les raisons ayant contribué à l'essor de ce phénomène sont diverses. On évoque notamment le problème de la démission de la famille et la défaillance de l'école. Et comme tout le monde le sait, les conséquences de la décennie noire persistent se traduisant par des comportements violents faute de prise en charge psychologique des victimes de la tragédie nationale. Pour Mme Houria Hacen Djabalah professeur à l'université d'Alger chargée de la psycho-pathologie de l'enfance et de l'adolescence, l'insécurité relève «des valeurs transmises à l'enfant par notre société en matière d'affirmation de soi». Car, «la violence a un rôle de restauration narcissique», explique-t-elle, en revenant sur cette violence que toute une génération a été forcée de subir. De l'avis de notre spécialiste, perpétuer «une vie de la violence signifie se récrier contre le pouvoir». Elle regrette à cet effet le manque de prise en charge «qui aurait dû y avoir pour tous les enfants et les adolescents qui ont vécu une période dans laquelle ils se sont sentis impuissants pour se défendre». Il aurait fallu une prise en charge psychologique pour tous ces enfants, insiste-t-elle. Pour venir à bout de cette criminalité transcendante, les services de police ont mis en place une nouvelle stratégie basée sur la proximité et l'étude de la criminalité dans chaque wilaya en ciblant essentiellement les quartiers défavorisés. Le nouveau dispositif s'articule sur deux formes d'intervention : un dispositif de surface qui consiste à déployer un nombre supplémentaire d'effectif, alors que le deuxième volet devrait se traduire par des études de criminalité. Ces enquêtes devraient toucher toutes les wilayas, voire les quartiers connus pour une activité soutenue en matière de criminalité. Enfin, les services concernés appellent à l'implication de tous les citoyens dans leur lutte contre ce nouveau phénomène de banditisme. Pour la société civile en revanche, une révision de la législation pour des lois plus répressives serait la bienvenue.