Attitude - L'opposition syrienne a annoncé, hier, samedi, qu'elle suspendait sa participation à plusieurs rencontres à l'étranger pour dénoncer le «silence international sur les crimes» commis par le régime. Le chef de la Coalition, Ahmed Moaz al-Khatib, a affirmé que le retrait de l'opposition des réunions internationales était «un message de protestation adressé à tous les gouvernements du monde qui voient comment le peuple syrien est en train d'être tué et ne font que regarder». Une nouvelle posture assumée par l'opposition, alors qu'aucune issue n'est en vue dans ce conflit qui a fait selon l'ONU plus de 70 000 morts en près de deux ans. Assimilant le «silence international» à «une participation à la tuerie», l'opposition a dit qu'elle allait suspendre sa participation à la prochaine réunion des Amis du peuple syrien, prévue le 28 février à Rome, de même que ses visites en Russie et aux Etats-Unis. Elle a affirmé tenir en particulier aux dirigeants russes «pour responsables éthiquement et politiquement, car ils continuent à soutenir le régime par les armes». «Nous ne pouvons visiter aucun pays s'il n'y a pas de décision claire concernant ce régime sauvage et barbare», a affirmé M. Khatib au Caire, en référence au régime de M. Assad. «Si vous êtes nos vrais amis, aidez-nous à arrêter les massacres qui sont en train d'être commis contre notre peuple», a répliqué le porte-parole de la Coalition, Walid al-Bounni. Londres a appelé l'opposition à reconsidérer sa décision, affirmant préparer «une nouvelle offre de soutien à la Coalition à Rome». Dans le même temps, la Coalition de l'opposition a annoncé la création prochaine d'un gouvernement en zone rebelle qui, selon des experts, devrait lui permettre de rattraper son retard sur les groupes islamistes implantés sur le terrain et pousser à l'action une communauté internationale récalcitrante. Souvent accusée d'être déconnectée du terrain, l'opposition «veut établir une présence en Syrie qui lui donnerait plus de crédibilité», a commenté Salman Shaikh, directeur du Brookings Doha Center. La Coalition, reconnue par plusieurs pays occidentaux comme le représentant légitime du peuple syrien, a aussi annoncé son intention de former un gouvernement chargé de gérer les territoires rebelles. Elle se réunira le 2 mars à Istanbul pour décider de la composition de ce cabinet «provisoire» et choisir son chef. Sur le terrain, les violences ne montrent aucun signe de répit, faisant hier encore au moins 64 morts, dont 34 civils, à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).