Tandis qu'elle se dirigeait droit vers un dialogue « sous conditions » avec le gouvernement syrien, ouvrant ainsi une perspective politique au conflit, la Coalition de l'opposition fait volte-face en annonçant la suspension de sa participation aux rencontres internationales. A moins d'un mois de la célébration de la deuxième année de la « révolte » contre le pouvoir en place, et devant l'impasse tant politique que militaire dans laquelle se trouve le dossier, l'opposition anti-Assad entend secouer la « communauté internationale » et ses propres alliés occidentaux, qu'elle accuse curieusement de « silence devant les crimes commis par le régime contre la population. » Dans un communiqué rendu public hier, la Coalition a annoncé qu'elle ferait l'impasse sur la prochaine réunion des Amis du peuple syrien, prévue le 28 février à Rome, de même que ses visites en Russie et aux Etats-Unis. Son chef, Ahmed Moaz Al Khatib, était attendu dans les semaines à venir à Moscou et, ensuite à Washington où il a été invité par le sous-secrétaire d'Etat William Burns, lors de la dernière réunion des Amis du peuple syrien, le 12 décembre au Maroc. Jugeant « honteuse » l'attitude de la communauté internationale, la Coalition assimile « le silence international sur les crimes commis quotidiennement contre notre peuple à une participation à la tuerie ». « Nous tenons en particulier les dirigeants russes pour responsables éthiquement et politiquement, car ils continuent à soutenir le régime par les armes », accuse son porte-parole Walid Al Bounni. Les Etats-Unis, son principal soutien international, ne sont pas épargnés. La Coalition a appelé l'administration Obama à tenir ses engagements. « Nous ne pouvons pas continuer à écouter des déclarations qui ne sont pas accompagnées d'actions (...) Le monde a la responsabilité de protéger (les Syriens) d'un boucher », a ajouté M. Al Bounni. Réunie depuis jeudi au Caire, l'opposition a annoncé, vendredi, son intention de former un gouvernement chargé de gérer les territoires contrôlés par les rebelles. M. Al Bounni a précisé qu'une réunion est prévue le 2 mars à Istanbul pour décider de la composition de ce cabinet « provisoire » et du choix d'un chef « en dehors des membres de la Coalition ». « Nous avons besoin d'un gouvernement de technocrates », a-t-il souligné.