Environnement - Si la SNTA affiche une bonne santé financière en renflouant chaque année ses caisses, cette embellie se concrétise aux dépens de la santé des citoyens. N'est-il pas temps de délocaliser les deux unités de production de la Société nationale de tabac et d'allumettes (SNTA) de Bab El Oued qui continuent de causer de sérieux dangers de santé aux riverains ainsi qu'aux élèves des écoles dont les classes jouxtent ces unités de production. En effet, les habitants de plusieurs quartiers qui ont pris attache avec notre rédaction, souffrent de l'air pollué et des odeurs nauséabondes qui se dégagent de la chaîne de production de l'usine. Les cheminées crachant à longueur d'année des fumées dégageant des odeurs de tabac, pénètrent même à l'intérieur des foyers et des salles de classe. Ces odeurs, avec le temps, sont devenues la hantise des riverains. «Cet état de fait nous importune en tant qu'adultes et beaucoup plus les nourrissons, sans oublier les élèves et les enseignants des écoles limitrophes. Depuis des années notre santé est menacée par cette fumée qu'exhalent les cheminées de l'usine, notamment en période de grande chaleur», nous dit un groupe de citoyens. «A l'approche de l'été on ne peut même pas ouvrir les fenêtres des classes par peur de l'odeur nauséabonde qui dérange», nous disent certains enseignants qui dénoncent les méfaits du tabac sur la santé des frêles écoliers et de l'implantation de cette unité de production en plein tissu urbain. Lors de notre déplacement sur les lieux, les riverains disent : «Nous avons reçu des garanties quant à la délocalisation de ces unités de production vers d'autres lieux. Ce ne sont que des promesses auxquelles nous ont habitués nos responsables au niveau de tous les secteurs d'activité. C'est finalement un leurre.» L'impact négatif sur la santé des citoyens de ces quartiers de Bab El Oued est, il faut le reconnaître, énorme. «Les risques de maladies respiratoires liées à l'exposition continuelle à cette odeur sont omniprésentes. Afin de mettre un terme à cette situation, nous sollicitons la direction de l'environnement d'intervenir pour mettre en demeure les responsables de ces unités de production qui exposent les citoyens à des maladies chroniques», nous disent nos différents interlocuteurs. «Nous sommes étonnés de constater que cette usine continue de fonctionner malgré les nombreuses lois qui régissent ce secteur. Notre souhait est l'application des lois qui font obligation à toute industrie de ne pas mettre en péril la santé des citoyens et l'environnement», nous disent d'autres. Selon une source médicale de l'hôpital Mohamed-Lamine-Debaghine (ex-Maillot), une série d'examens cliniques et de bilans a été réalisée en vue d'évaluer l'état de santé de certains citoyens de ce quartier et même des travailleurs de cette société. Ces examens sont justifiés par le fait que les travailleurs sont fortement exposés aux fumées de combustion de cigarettes. Parmi les pathologies rencontrées figurent les ulcérations nasales, les troubles digestifs et des lésions eczématiformes plus particulièrement au niveau des mains. Le bruit dans ces unités industrielles a également été ciblé par l'étude. C'est à l'unité de Bab El Oued de la SNTA entre autres usines, qu'une étude rétrospective – qui s'est étalée sur cinq mois – a été réalisée. Les résultats enregistrés ont permis de mettre en évidence tous les cas de surdité de perception bilatérale, c'est-à-dire 31,7 % et qui ont été déclarés comme maladies professionnelles. Ces derniers ont bénéficié, selon notre source, de changements de postes afin d'éviter l'aggravation de leur surdité. L'asthme professionnel a également fait l'objet d'étude de la part des médecins du CHU de Bab El Oued. Le risque professionnel respiratoire est, selon les professionnels, lié aux poussières de tabac. Il a été en outre relevé par les spécialistes, l'intoxication au monoxyde de carbone et le risque lié aux solvants. Nous avons essayé de prendre attache avec les responsables des unités de production de Bab El Oued, en vain. Toutefois, un cadre du département approvisionnement avant de nous orienter vers sa direction générale, nous a affirmé : «La revendication des citoyens est légitime. Notre direction générale a déjà pris des dispositions pour délocaliser ces entreprises vers la zone d'activité de Semmar dans la commune de Gué de Constantine.» A la direction générale, en l'absence du premier responsable de l'entreprise, aucun autre cadre ne voulait prendre la responsabilité de se prononcer quant à la pollution qui empoisonne les citoyens de ce quartier.