Résumé de la 3e partie - En aidant à la reconstitution du grand royaume de Numidie, Scipion l'Africain désirait entraîner Massinissa dans une situation de vassalité qu'il lui aurait été difficile de secouer. Il semble même avoir facilité l'implantation de commerçants, mais aussi de trafiquants romains à Cirta (Constantine) et dans la Numidie. A la fin de sa vie, et comme lors de la succession de Massinissa, probablement sous l'influence romaine, il a dû penser à celui qui prendrait la relève et assumerait le pouvoir, tout en restant en bons termes avec les Romains qui administraient la province Africa. Micipsa avait deux fils légitimes, Adherbal et Hiempsal, auxquels il aurait souhaité réserver la succession tout entière, écartant ainsi les autres prétendants de la famille de Massinissa. Mais il dut prendre une autre décision. Son frère Mastanabal avait eu également deux enfants, Gauda, né d'une épouse légitime, et Jugurtha, issu d'une concubine et normalement «non qualifié pour accéder au trône». Gauda ne semble avoir été retenu qu'en seconde position pour la succession car «c'était, selon Salluste, un homme rongé de maladies qui avaient quelque peu diminué son intelligence». Il n'en régna pas moins à partir de 105 avant J.-C. Salluste a tenté d'expliquer alors les raisons qui amenèrent Micipsa à adopter Jugurtha. Il lui fait dire, en effet, sur son lit de mort : «Tu n'étais qu'un petit enfant, Jugurtha, ton père était mort, et t'avait laissé sans avenir et sans ressource. Alors moi, je t'ai reçu dans la famille royale, j'ai fait cela dans la pensée que ces bienfaits me voudraient de ta part une affection égale à celle qu'auraient pour moi mes propres enfants, si je venais à en avoir.» Cette légitimation a dû intervenir alors que Jugurtha n'avait qu'une dizaine d'années, vers 143 avant J.-C., avant même que naissent Adherbal et Hiempsal. Par quelques phrases suggestives, Salluste nous a dépeint la jeunesse de Jugurtha, et sa rapide ascension au sein de son entourage. Ses qualités physiques et sa personnalité rappellent celles de son grand-père Massinissa. «Dès sa première jeunesse, Jugurtha s'était fait remarquer par sa vigueur, par sa belle prestance et, surtout, par son intelligence. Il ne se laissait pas corrompre par le luxe et par l'oisiveté, mais comme c'est l'usage dans son pays, montait à cheval, lançait le javelot, disputait le prix de la course aux garçons de son âge et, tout en se montrant supérieur à tous, se faisait aimer de tous. Il consacrait, en outre, une grande partie de son temps à la chasse et était toujours le premier, ou parmi les premiers, à s'attaquer à des lions et autres bêtes féroces. Nul n'agissait plus que lui et nul ne parlait moins de ses propres actions.» (A suivre...)