Transition - Le 4e gouvernement depuis le renversement de Ben Ali, le 14 janvier 2011, a prêté serment hier. Le Premier ministre tunisien, Ali Larayedh, a jugé hier, mercredi, jour de son investiture, que le terrorisme et les violences sociales menaçaient la sécurité de son pays. C'est ainsi qu'il résumera la gravité des défis sécuritaire et économique auxquels son cabinet sera confronté. «Le danger principal pour la sécurité nationale est le terrorisme, que ce soit celui venant de l'étranger (...) ou celui qui peut provenir de l'intérieur. Je veux dire par terrorisme un groupe organisé qui utilise la violence et les armes contre les individus ou pour prendre le pouvoir», a-t-il dit. M. Larayedh, ministre de l'Intérieur sortant, a aussi estimé qu' il y a une autre menace, celle de «la violence sociale alimentée par la politique», alors que la misère est à l'origine de nombreuses manifestations, dont certaines dégénèrent en violences ou sont réprimées brutalement. Il a, à ce titre, déclaré viser la création de 90 000 emplois en 2013 pour apaiser les tensions et faire baisser le chômage. M. Larayedh a aussi regretté une nouvelle fois le décès d'Adel Khazri, le marchand à la sauvette qui s'est immolé et sera enterré aujourd'hui à la mi-journée. Ce nouveau gouvernement transitoire est le 4e depuis le renversement de l'ancien régime le 14 janvier 2011, après ceux conduits par Mohamed Ghannouchi, Beji Caïd Sebsi et Hamadi Jebali. Quelques heures plus tôt, le gouvernement avait prêté serment à la présidence, alors que les membres de l'Assemblée constituante voteront d'un moment à l'autre un calendrier portant sur la finalisation et la rédaction de la nouvelle Constitution, et le calendrier des élections présidentielle et législatives devant mettre fin à la transition dans le pays. La passation de pouvoirs aura lieu aujourd'hui dans l'après-midi, soit près d'un mois après la démission, le 19 février dernier, du Premier ministre, Hamadi Jebali. Le président, Moncef Marzouki, s'adressant aux ministres de cette coalition regroupant les islamistes d'Ennahda, deux partis laïques et des indépendants, a aussi mis l'accent sur le désespoir des jeunes face à la misère et au chômage. Ce gouvernement «n'a pas de baguette magique pour résoudre les problèmes de la pauvreté et du chômage qui se sont accumulés pendant trois décennies (...), mais il a une volonté inébranlable pour affronter ce tsunami de problèmes», a-t-il dit. Mardi, M. Larayedh avait assuré qu'il comptait mettre un terme avant la fin de l'année à l'impasse causée par l'absence de consensus sur la future Constitution qui bloque l'organisation d'élections et prive la Tunisie d'institutions stables. Il s'est ainsi fixé comme priorités, d'organiser des élections dans les plus brefs délais, d'instaurer la sécurité, le pays étant déstabilisé par l'essor d'un islamisme armé, et de continuer de relever l'économie, l'emploi et de lutter contre la hausse des prix. «Honte au gouvernement, la jeunesse brûle» Une trentaine de vendeurs à la sauvette ont manifesté hier, mercredi, sur les marches du théâtre municipal à Tunis, où l'immolation a eu lieu, en scandant «Honte au gouvernement, la jeunesse brûle». Pauvreté et chômage étaient au cœur des causes du soulèvement de 2011, or, deux ans après, l'économie est toujours anémique et le pays paralysé par une interminable crise politique et institutionnelle. Pour les milieux politiques tunisiens, M. Larayedh sera confronté à «plusieurs défis» du fait de la dégradation de la situation économique du pays et des tensions sociales face au manque de projets de développement ainsi que la hausse du chômage qui a atteint 17%.