Résumé de la 3e partie - À partir de 1832, le titre de sultan fut donc accordé à Abdelkader qui préféra celui plus modeste, d'émir. Ce dernier, à la mort de son père (1833), se retira quelque temps à Mascara puis revint à la tête de ses troupes. Il fit bloquer la ville d'Oran par la tribu des Rharaba et couper toute communication avec Mostaganem par la tribu des Hachem. La tactique réussit, les arrivages cessèrent sur les marchés français. Les tribus soumises cherchèrent à se détacher des Français. Abdelkader, profitant de l'état des esprits, tendit un piège aux Français : quatre furent faits prisonniers et un cinquième tué. Le général Desmichels lui écrivit pour réclamer les soldats. Il refusa, terminant sa réponse par un défi. Le général Desmichels, après le combat, fit renvoyer les femmes et les enfants des douars tombés aux mains des Français. L'œuvre de l'émir Abdelkader commence en 1834 avec le traité signé avec le général Desmichels, mais se poursuit plus activement après mai 1837, lorsque le traité de La Tafna reconnaît son titre d'Emir et son autorité sur la majeure partie des provinces d'Alger et d'Oran. L'Emir ne se borne pas à rassembler des terres, à grouper des territoires pour asseoir sa puissance politique, il va les unifier administrativement dans un sens égalitaire et populaire pour unir les populations contre les Français. A l'automne 1839, l'œuvre de regroupement territorial est achevée, les Français sont regroupés dans Oran, Alger et une partie du beylik de Constantine. L'Emir a assis son autorité sur les 2/3 de l'Algérie du Nord, de Bougie à Tlemcen, d'Aïn El-Mahdi à Ténès. Abdelkader s'appuie sur des villes forteresses, édifiées comme centre de gouvernement. Les tribus en bordure de la côte, sortes d'avant-postes, s'appuient sur une première ligne des villes de l'intérieur, Tlemcen, Mascara, Miliana, Médéa. Une deuxième ligne de citadelles, créée de toutes pièces, et d'anciens bastions fortifiés à la limite du Tell et des hautes plaines, permettent de contrôler le Sud. Sebdou, Saïda, Tagdempt près de Tiaret, centre économique et stratégique (fabrique et dépôts d'armes), Taza, Boghari, Belkheroub et Biskra. La chute des villes en 1841-1842 rompra toute cette forte organisation étatique pour réduire l'émir Abdelkader à la condition d'empereur nomade. Lorsqu'après cette sortie les marchés d'Oran se furent un peu approvisionnés, le général Desmichels écrivit de nouveau à Abd el-Kader pour lui demander une entrevue que l'émir refusa pour marquer son rang souverain, au-dessus des généraux français (il ne daigna accorder la faveur d'une entrevue qu'au maréchal Bugeaud, au général de Lamoricière et au duc d'Aumale). (A suivre...)