C'est à la Gueithna de l'oued Hammam, un hameau sis dans la localité de Hacine distant d'environ une quinzaine de kilomètres de Mascara, que naquit en 1807, l'émir Abdelkader dans la zaouïa de son père Sidi-Mahiedinne. Mahiedinne était le chef spirituel de la confrérie des «Quadria» et guide d'une partie considéré de l'alliance des «Hachem» ou «Hchem», à philosophie religieuse, son existence, la partagea entre la zaouïa de Gheithna et celle de Sidi-Kada (ex-Cacherou), où Sidi-Mahiedinne passait généralement l'été. A Mascara, l'émir résida de 1832 à 1835 qui a vu l'historique le 27 novembre 1832, Abdelkader choisi pour être le guide, l'Emir, le chef d'une machine de guerre des plus complexes, puisqu'elle est une combinaison de familles, de lignages dont la première fidélité va à l'Acabiya, c'est-à-dire les intérêts de la communauté. Les alliances sont libres et fragiles. L'émir a dû d'abord tenir les chefs de tribu, casser les tabous sachant bien que s'ils ont embrassé sa main, c'est parce qu'ils n'ont pu la couper, ensuite, combattre les indus occupants colonialistes français. Contrairement à ce qui est rapporté comme date de cette commémoration par des plumes du poids légers, où il est important de mentionner que la première «Moubayaa», c'est-à-dire, «l'allégeance» à l'émir Abdelkader a bien eu lieu le 27 novembre 1832, sous l'arbre de la «Derdara» dans la plaine de Ghriss, suivi d'un deuxième plébiscite total le 4 février 1833 dans l'enceinte de la mosquée de l'allégeance, qui porte présentement le nom de Sidi-Hacene sise à Mascara. Il rassembla sous son commandement, tous ceux qui voulaient résister à l'occupation et à la conquête françaises, il obligea les tribus à lui accorder des hommes valides et de l'argent, il nomma de nouveaux chefs après avoir destitué les anciens qui, par intérêt, acceptaient de collaborer avec les forces d'occupation. A trois années d'intervalle, il signa avec les Français deux traités importants : D'abord en 1834, le général Desmichels qui commandait à Oran, était d'accord pour arrêter les combats qui faisaient rage. L'émir Abdelkader signa avec lui une convention, appelée «Traité Desmichels», où le jeune «Emir des Croyants», voyait son autorité reconnue sur toute l'Oranie. Puis en 1837, le traité de la «Tafna» étendait cette autorité à l'ancien Beyliks du Titteri (Médéa) et à la majeur partie de la province d'Alger : l'émir aux yeux de ses adversaires mêmes, dès lors figure de chef incontesté de la résistante algérienne et des Algériens. Stratège de guerre et homme de paix, l'émir Abdelkader avait été un modèle d'intelligence, de bravoure et de loyauté envers sa nation et son Etat. Quand il mourut à Damas, il avait sauvé du massacre 12 000 chrétiens menacés par les Druzes de Syrie, il avait acquis dans l'europe entière, un respect aussi élevé que celui dont il avait bénéficié durant toute sa présence auprès des siens. Viennent les victoires, les défaites, les trêves, les trahisons d'urbi et orbi, les représailles. L'émir se bat sur tous les fronts, sans cesse chevauchant, dormant à cheval, épuisant ses secrétaires, ses intendants, ses lieutenants. La révolte des Algériens et l'organisation de l'Etat par l'émir Abdelkader jusqu'en 1847, où des résistances se manifestaient déjà contre l'occupant, après la prise d'Alger. Le gouvernement de Louis Philippe statua, après bien des flottements pour une solution moyenne, qui demeure celle, communément appelée de l'occupation restreinte, où l'armée française s'arrangea provisoirement à occuper les principaux ports de l'époque et quelques villes de l'intérieur. Cette appropriation du colonialisme français sur notre pays, se montra toutefois dès les premiers jours extrêmement sanguinaires. Le général Clauzel, qui menait les troupes d'occupation, faisait exécuter toute personne trouvée porteuse d'une arme. Après lui, le général Savary, Duc de Rovigo, comme Cavaignac, Saint Arnaud, Pélissier et Montagnac se montreront plus barbare encore et souvent plus impitoyable envers les populations autochtones : en faisant occuper militairement la mosquée de Ketchaoua d'Alger pour la transformer en église catholique, en culbutant les tombes d'un cimetière pour en faire une sorte de place d'un marché. Des provocations notables ont été consignées dans les diverses correspondances des insurgés avec l'état major de l'émir Abdelkader établi à Mascara, où les autochtones ne pouvaient pas se déplacer librement pour se rendre d'une ville à une autre. Ils devaient être munis d'un laissez-passer. Rovigo fit arrêté sur la route d'Alger des notables à qui il avait remis des sauf conduits et les fit fusiller. Dans l'Algérois, les oppositions se produisaient, dès 1831, sous la forme d'attentats contre les militaires, mais par des soulèvements de plusieurs tribus voisines de la Mitidja, Médéa et Miliana. A Constantine, le Bey Ahmed repoussa une colonne française forte de 9 000 hommes, qui dût se retirer après de lourdes pertes. En Oranie, où le Sultan du Maroc, sous la pression de l'opinion populaire de son royaume, avait apporté son aide aux insurgés établis à l'Ouest sous l'autorité de l'Agha d'Oran, et ce, pendant seulement quelques temps. Mahiedinne, le père de l'émir Abdelkader, un homme pieux et lettré, Moqadem (gardien des lieux) de la puissante confrérie religieuse des «Quadriya», lança, depuis Mascara où il demeurait, malgré son âge très avancé, l'appel à la guerre sainte. Il tenta d'isoler Oran, s'efforçant d'arrêter tout ravitaillement destiné à la garnison française. Son fils Abdelkader qui avait montré à l'occasion de ce blocus d'Oran de grandes qualités de soldat, véritable stratège de guerre, accepta d'échoir à son père Mahiedinne à la tête de la résistance à l'Ouest algérien. Chef de guerre adroit et indomptable, il se montra pareillement brillant diplomate et homme d'Etat avéré. Tandis que l'armée d'occupation française occupait Alger, Oran, Mostaganem, Arzew et les environs de Constantine (après la prise de cette ville en 1837), Abdelkader se trouvait donc à la tête d'un vaste territoire organisé comme un véritable Etat centralisé. Dans ce but, il divisa le pays en 8 Khalifaliks : Tlemcen, Mascara, Miliana, Médéa, le Sebaou, la Medjana, le Sahara oriental (Ziban) et le Sahara occidental. Chacune de ces circonscriptions territoriales était répartie en Aghaliks et chaque Aghaliks en Caïdats. Khalifas, Aghas, Caïds, nommées et payés par l'Etat de l'émir, étaient responsables de leur bonne ou mauvaise administration. L'Etat ébauché par Abdelkader n'était plus un Etat au pouvoir d'étrangers comme sous l'emprise des Turcs. Il n'était pas non plus soumis à l'influence de tribus ou de familles privilégiées. C'était un véritable Etat algérien. En 1838, la guerre reprit, Abdelkader refusa de signer un nouveau traité qui diminue l'étendue de son état, une colonne française, voulant établir la liaison traversa, par les portes de fer entre Alger et Constantine (dans les Bibans), un territoire reconnu a l'émir Abdelkader par le traité de la Tafna. C'était la violation de ce traité par l'armée d'occupation coloniale française. Abdelkader écrivit au général français pour lui annoncer qu'il reprenait les hostilités. Les tribus des environs d'Alger se jetèrent sur la Mitidja, les fermes et tuant les indus colons, qui déjà, à cette époque, notre pays colonisé comptait 25 000 européens dont 11 000 français. Les troupes françaises reçurent des renforts qui assurèrent leurs effectifs à 50 000 hommes fortement armés. En décembre 1840, Bugeaud fut nommé gouverneur général, et la guerre totale commençait par des pillages, incendies de villages et de récoltes et de massacres de populations. Le général Saint Arnaud, l'un des lieutenants de Bugeaud, écrivait dans une correspondance au gouverneur en ces termes : «Nous tirons peu de coups de fusil, nous brûlons les douars, tous les villages, toutes les cahutes... On ravage, on pile, on détruit les maisons et les arbres. Des combats ? Peu ou pas.» Dix-sept années de lutte des plus barbares a vu l'émir Abdelkader à braver durant 116 batailles, 142 généraux, 5 princes et 16 ministres de la guerre. Dès la fin de 1842, l'émir Abdelkader avait perdu une grande partie de son territoire, de ses dépôts d'armes et son armée régulière, décimée via les trahisons et les félonies qui, déjà à l'époque de l'émir, ont été légions, malheureusement gravés sur des pages entières de notre histoire. En 1843, la Smala de l'émir Abdelkader fut surprise et capturée dans le Djebel Amour sise dans la région de Tlemcen, par un escadron commandé par le Duc d'Aumale, fils du roi de France. L'émir Abdelkader essaya d'obtenir de l'aide du sultan du Maroc, Moulay Abderahmane, battu par Bugeaud à la bataille d'Isly, signa un traité conclu à Tanger le 10 septembre 1844, mettant l'émir Abdelkader «hors la loi» et autorisant l'armée française à pourchasser en territoire marocain les tribus et insurgés algériens qui viendraient y tenter refuge. Une double trahison paraphée par le souverain marocain Moulay Abderahmane y compris des collabos de l'armée française qui planifiaient la fin de l'émir pour des intérêts des plus maculés de sang et de haine à l'endroit de notre nation. En 1847, l'émir Abdelkader obtenait de Louis Napoléon Bonaparte, le droit de se retirer ou de s'exiler en Syrie à Damas où il décéda en 1883, à l'âge de 75 ans. Aussi, il y a eu des portraits d'hommes qui ont marqué l'histoire avec l'émir Abdelkader, ils sont nombreux, qui lui sont restés fidèles, qui n'ont pas trahi sa cause pour des intérêts ou des dividendes et ce, jusqu'au dernier souffle, à l'exemple du Cadi ou (Kadi) en droit musulman Chergui Sid Ahmed Belacel ou Bel Assel, fils de Chergui Mohammed Ben Mohammed, dont descend l'arbre généalogique légitime de Sidi Mahiedinne Ben Mokhtar, qui a su manier la plume et l'épée dans des moments difficiles auprès de l'émir Abdelkader, lui a égalé un grand attachement, selon des historiens et des documents qui demeurent consultables en France. Maître Chergui Ahmed Fahmi Hikmet, une très grande famille réservée et conservatrice agréée à la Cour suprême et avocat au barreau de Mascara, demeure par essence la lignée armorial et confirmée de la descendance de l'émir Abdelkader Ibn Mahiedinne, où maître Chergui Ahmed détient à l'heure où nous mettons sous presse, le sceaux officiel, sous forme de bague remis par l'émir Abdelkader au Cadi ou Kadi Chergui Sid Ahmed Belacel ou Bel Assel. Pour conclure, il nous a été donné de constater durant des années, la mise à l'écart de la famille Chergui Sid Ahmed, des festivités et autres cérémonies à la mémoire de l'émir Abdelkader dans ses différents cycles, qui a vu l'indifférence des autorités au niveau de la wilaya comme au niveau central de faire des additions et autres soustractions, quant à la suprématie de certains qui perdurent à la tête de cette fondation, notamment au niveau local. Nul n'est prophète en son pays !