Déficit - Plusieurs secteurs de l'économie nationale peinent à trouver des employés en raison de ce phénomène. Sur les 37 millions d'Algériens, 70 % sont des jeunes, dont plusieurs milliers sont sans niveau scolaire. En dépit de cette importante population, plusieurs secteurs d'activité n'arrivent pas à trouver la main d'œuvre requise. Une situation qui a poussé les autorités à faire appel à des employés étrangers, notamment dans le secteur du bâtiment, pour réaliser les chantiers lancés dans le cadre des divers programmes de construction de logements. De simples ouvriers d'origine asiatique, arabe ou africaine, sont de plus en plus nombreux en Algérie, ce qui renseigne sur le délaissement des métiers de bâtiment par les jeunes algériens. « Ceux qui disposent de diplômes dans la maçonnerie, la plomberie, l'électricité ou autres préfèrent travailler à leur propres compte. Ils sous-traitent avec les petits entrepreneurs et gagnent bien leur vie, et ceux n'ayant aucun diplôme s'éloignent de ce créneau qu'ils jugent épuisant », affirment certains entrepreneurs privés. Même situation dans le secteur de l'agriculture lourdement pénalisé par l'absence de main d'œuvre. Les associations des exploitants agricoles ont, à maintes reprises, tiré la sonnette d'alarme sur ce problème, affirmant qu'ils ne parviennent pas à récolter la totalité de la production à cause de cela. C'est d'ailleurs l'une des raisons de la cherté de certains fruits et légumes même en pleine saison, car le marché est approvisionné au « compte-gouttes » suivant les capacités des employés chargés de la récolte. «Je tente de convaincre les jeunes avec des paies conséquentes, un hébergement et une prise en charge totale sur le site. Mais, rares sont ceux qui tiennent plus d'une semaine, même s'ils sont issus de familles démunis et ont besoin de travailler», déplore Abdelkader, producteur de pomme de terre à Aïn Defla. Ne voulant plus se soumettre à la contrainte du temps et au contrôle d'un chef, les jeunes optent pour le gain facile et surtout sans casse-tête. Le secteur de l'oléiculture, en Kabylie, est également touché par ce phénomène préjudiciable. Des propriétaires de vergers se retrouvent contraints de céder la récolte des olives à d'autres personnes qui prennent la moitié de la production. «Mes enfants fuient le village dès l'approche de la saison de récolte, sous prétexte d'aller chercher du travail dans d'autres wilayas. Et même s'ils sont à la maison, ils refusent de récolter les olives, évitant ainsi le froid et les grands efforts physiques que nécessite cette activité », avoue Amrane, sexagénaire, habitant à Ath Yaala, à l'est de Bouira. Ce dernier en a gros sur le cœur et n'arrive plus à accepter de prendre seulement la moitié de ce que produit sa terre. « Cette génération est maudite et elle va finir par crever de misère. Je sais que ces champs que j'ai entretenus à la sueur de mon front seront abandonnés après ma mort. J'ai décidé de les offrir gracieusement à une autre personne et priver ces fainéants d'héritage, car ils ne méritent pas cette richesse », lâche-t-il, sur un ton de colère et d'amertume. Notre interlocuteur n'est certainement pas le seul à subir les effets indésirables d'une situation dont pâtit notre économie toute entière.