Situation - La prépondérance du marché informel dans la filière de l'agriculture et de l'agro-industrie a été pointée du doigt par des industriels spécialisés dans la filière boisson. Les opérateurs des secteurs de l'agriculture et de l'agro-industrie se sont donné rendez-vous hier à l'hôtel Hilton dans le cadre d'un symposium sur la valorisation des produits agricoles dans les boissons. Ce symposium s'est caractérisé par la présence des opérateurs des secteurs de l'agriculture et de l'agro-industrie, en particulier les industriels spécialisés dans la filière boissons. Ce symposium, organisé à l'initiative de deux associations, la fondation Filaha Innove et l'Association des producteurs algériens de boissons (Apab), se veut un lieu de réflexion et d'action sur la manière de créer des liens productifs et permanents entre l'amont agricole, représenté par les producteurs d'agrumes et autres produits destinés à la fabrication de boissons et jus de fruits, les transformateurs, ainsi que les fabricants de produits du même genre destinés à la grande consommation. «Il s'agit de marier deux professions et deux filières qui, en dépit de leur complémentarité, ne parviennent pas encore à travailler ensemble et à créer une industrie algérienne des boissons et jus, allégée du poids des importations, notamment en ce qui concerne les matières premières et les intrants. Principalement en raison du fait que la production d'agrumes dans notre pays est en régression depuis plusieurs années déjà, vu le recul des surfaces exploitées et la disparition d'un savoir-faire qui a fait la fierté de la filière il y a 40 ans environ», nous dit M. Bensemane, président de la fondation Filaha Innove en marge de ce symposium. «Les deux parties se mobilisent pour la promotion de la transformation des produits agricoles dans l'industrie des boissons qui a pris des proportions importantes en termes de marché national local et d'exportation». Pour Mme Meriem Bellil-Medjoubi, secrétaire générale de l'Apab, «l'ouverture du marché engendre aujourd'hui une concurrence sur le marché local et sur les marchés extérieurs. Avec l'arrivée de nouveaux acteurs, le secteur a connu un fort développement de la filière qu'il s'agit de consolider en renforçant l'amont agricole et d'en faire un pôle performant au bénéfice de l'ensemble de la chaîne de l'industrie agroalimentaire dans notre pays». Dans son intervention, M. Bensemane a précisé que «le grand débat, porte sur les moyens de construire une plateforme commune en amont et en aval de l'agro-industrie pour permettre à leurs acteurs de s'organiser et de répondre efficacement aux demandes du marché en termes d'offre de produits, de qualité, d'emballage et d'hygiène». Actuellement, «il existe un problème d'entente entre l'agriculteur et l'industriel, notamment en ce qui concerne la disponibilité des matières premières, dont la quasi-totalité est importée», a estimé le président de l'Association des producteurs algériens de boissons (Apab), Ali Hamani. Pour lui, la mise en place d'une plateforme regroupant les différents acteurs de cette industrie, agriculteurs, transformateurs et industriels est nécessaire afin de trouver des solutions concrètes pour chaque domaine. «Nous voulons que les produits agricoles algériens soient utilisés au lieu d'importer quelque 95 % des matières premières entrant dans la composition des boissons. C'est notre objectif à long terme, car nous avons des potentialités pour la production des fruits et légumes», a ajouté, pour sa part, M. Bensemane. L'Algérie compte quelque 700 producteurs de boissons, selon le président de l'Apab, qui a dénoncé la prépondérance du marché informel dans cette filière.