Manifestation Le Musée national des Beaux-Arts, en collaboration avec la veuve du peintre, abrite jusqu?au 5 juin une exposition retraçant la vie de l?artiste. L?exposition, intitulée «Kamel Nezzar, trilogie», comprend plus de soixante-dix ?uvres formant la trilogie du peintre, à savoir les collections «Essence», «Infidjar» et «Arc-en-ciel». Dalila Mohamed Orfali, conservatrice en chef et directrice du musée, dit que «la trilogie de Kamel Nezzar se lit comme une histoire qu?un Prométhée de l?art aurait écrite». Et d?ajouter : «De Prométhée, Nezzar posséda la force, le goût irrésistible de la création et du don de soi.» La trilogie de Kamel Nezzar se lit comme une histoire en trois épisodes, certes distinctes mais toutes liées par un même esprit. Il y a dans le travail de l?artiste un prolongement, une continuité dans l?écriture artistique. Il y a d?abord le commencement avec «Essence», une série de peintures réalisée au début des années 1990 et qui illustre, en couleur et en motifs divers, chaotiques et imprécis, les premiers balbutiements d?une existence matérielle, une existence dépourvue de configurations palpables ainsi que de reliefs clairs, nets et précis. L?on est dans l?abstrait. Cette collection renvoie aux visiteurs des réminiscences de l'enfance de l'artiste ainsi que des références aux symboles puisés dans le terroir algérien et dans le patrimoine universel. A ce sujet, Dalila Mohamed Orfali écrit : «Nous sommes aux balbutiements du geste, et de manière confuse, au travers de l?enchevêtrement que la passion génère et où l?écriture prend forme.» Après «Essence» vient «Infidjar», ou l?explosion des peintures remontant à la période 1995-1997. C?est l?instant où l?on assiste à la naissance d?un monde ; un univers qui, avec toutes ses composantes, commence à se matérialiser, et à prendre forme et substance. «Infidjar» signifie une sorte de «big-bang» ; c?est un vocable qui illustre, voire s?apparente au mythe de la création. Cette série est conçue dans un style coloré avec comme matériau, entre autres, des morceaux de verre. Enfin, l?on arrive à la naissance, à la germination des couleurs et des formes. La vie éclôt ; le monde qu?a créé Kamel Nezzar respire et vit ; le jour se lève sur un monde gorgé de tons et de musicalité. Cette dernière, pleine de fantaisie et de joliesse, évoque la période gaie, insouciante de l'enfance avec, en arrière-plan, une médina et ses constructions en dôme et ce, avec un éclat lumineux très profond. Les peintures de Kamel Nezzar, prolifique, sont gorgées de couleurs et inondées de lumière. Diplômé de l'Ecole nationale des Beaux-Arts d'Alger et de celle de Florence, Kamel Nezzar est aussi titulaire du diplôme de l'atelier de gravures Santa Separata de Florence et a travaillé à Ponte Vecchio, centre historique de Florence. De 1985 à 2002, année de son décès, Kamel Nezzar a enseigné à l'Ecole supérieure des Beaux-Arts d'Alger (peinture et gravure). Il a, à son actif, un grand nombre d'expositions individuelles en Algérie et a participé à plusieurs manifestations artistiques aussi bien en Algérie qu?à l'étranger. Lauréat de plusieurs distinctions (prix d'encouragement de la ville d'Alger, prix spécial du jury de la 2e biennale internationale des arts plastiques de la ville d'Alger, médaille honorifique de la ville d'Alger, diplôme d'honneur décerné par le ministère de la Communication et de la Culture), Nezzar compte aussi à son actif plusieurs autres réalisations, dont des décors et costumes pour le théâtre et une fresque de 40 m2 réalisée en 1999 à Constantine.