Des coupes, des formes et des couleurs L'expo vise à «faire découvrir comment les jeunes designers algériens symbolisent les principes de la diversité de l'objet et comment ils les associent aux diverses normes de la consommation et de la modernité» explique le commissaire Zoubir Hellal. Admirablement sténographié par Mme Nabila Kalache, Mahdi Izermane et Mourad Krinah, une exposition de designers algériens placée sous le concept «Mobile art», se tient actuellement depuis jeudi dernier au Bastion 23. Nabila Kalache était aussi présente faut-il le noter, avec un tapis en laine et coton fait main, auréolé de cercles géométriques multicolores. Organisé par l'Aarc et l'Institut du Monde arabe où elle a séjourné l'an dernier en France, cette expo vise à «faire découvrir comment les jeunes designers algériens symbolisent les principes de la diversité de l'objet et comment ils les associent aux diverses normes de la consommation et de la modernité» explique, sur le catalogue accompagnant l'expo, l'artiste plasticien Zoubir Hellal, son commissaire côté algérien. Le Bastion 23 abrite ainsi une quarantaine d'oeuvres de 15 designers déclinés sur les deux étages de ce Palais des raïs où la tradition cotoie ici, en toute harmonie, les nouveaux défis technologiques. Des objets qui tendent vers la commercialisation et l'industrialisation, rivalisant pour certains, d'originalité et d'ingénuité et alliant avec finesse la tradition à la modernité comme c'est le cas avec la meida «snie» du designer Rhéda Ighil qui a tenté de faire un clin d'oeil à notre patrimoine et coutumes.. sans avoir la prétention de le revisiter car dira t-il: « Je n'ai ni le temps ni la prétention de le faire car il faut aller vers l'histoire, l'étude du patrimoine...» Son objet fabriqué à l'aide de bronze est aussi composé à moitié de plexi. Tout autour et au milieu, scintillent des lumières qui éclairent la table. «C'est une sorte de retour aux traditions. Parce que justement on m'a souvent reproché de singer les designers européens alors que dans le design, l'art copie l'art, il n'y a pas de nationalité dans l'art. Ce prototype-là, notre artiste est bien décidé à le lancer sur le marché et notamment au Maroc où il a lancé une ligne de vêtement destinés aux femmes. «. J'ai même en tête un prix public pour la vente de la table basse qui serait moins de 20.000 DA. C'est quelque chose de maîtrisable...» a-t-il noté. Si le design algérien s'est nettement amélioré et développé ces dix dernières années, dans quelle mesure a-t-on pensé à inviter les industriels à ce vernissage, jeudi dernier, car tout compte fait, c'est à eux en premier lieu que s'adresse ce genre d'expo. Aussi, le visiteur pourra-t-il être émerveillé par toute cette panoplie d'objets allant des tenues vestimentaires, aux ustensiles de cuisine, en passant par l'immobilier chic avec tendance pop art aux ornements les plus élaborés. On trouve de tout dans cette cave d'Ali Baba et aux quarante merveilles. C'est, en effet, une multitude de variétés d'objets et de genres, couleurs et matières qui raviront indiscutablement le regard. Du tapis (Nabila Kalache, Karim Sifaoui), aux lampadaires ou luminaires (Abdelhalim et Samir Hamiane), en passant par les robes haute couture (Rym Wided Menaifel, Zino Touafek et Karim Sifaoui), aux chaises (Mouna Boumaza, Faïza Hafiane, Adam Selamati, Adila Kacer, Kenza Mébarek, Reda Semi) et armoires à l'architecture décalée (Feriel Gasmi-Issiakhem..) sans oublier les tables et autres accessoires, les objets attirent l'attention, que ce soit par leur forme surtout, ou matériau composé et mixte employé. Néanmoins, l'exposition, qui vaut vraiment le déplacement, par la richesse qu'elle peut offrir aux regards des présents, déçoit quelque peu par la qualité de la finition de certains de ces modèles qui laisse parfois à désirer, ou rappelle un peu le déjà-vu, ont fait remarquer certains observateurs au sein du public. Ce dernier, cependant note - on, est venu en force visiter cette expo, jeudi dernier lors de son vernissage rehaussé qu'il était par la présence de Zehira Yahi, chef de cabinet au ministère de la Culture et du représentant du chef du gouvernement. D'ailleurs, il y avait tellement foule qu'il était difficile d'accéder dans chaque «recoin» du Bastion, lequel faisait office d'antre pour chaque artiste exposant. Reste que les objets exposés sont des prototypes donc des modèles uniques et beaucoup de ces designers algériens n'ont plus rien à prouver en termes de créativité. Parmi ces artistes designers exposants, nous pouvons notamment relever Zino Touafek qui a pris du galon ces dernières années en se distinguant de plus en plus sur la nébuleuse planète internationale de la mode avec ses modèles qui respirent le glamour avec audace et un zeste de provocation. Il tient d'emblée à nous prévenir: «Non, ce n'est pas du dénudé, je ne fais pas du dénudé c'est plutôt de la transparence, du sensuel. Je ne cherche pas à dénuder la femme mais à l'habiller et ce dans différents contextes. Par exemple, je fais beaucoup de tenues de scène, de costumes, puis on va aller plus loin dans la haute couture et le prêt-à-porter de luxe. Ça va vers le osé, la femme, le corps. Je suis en harmonie avec le corps de la femme. Parfois, je couvre, parfois je dévoile. Ça dépend de mes état d'âme.» Et d'expliquer: «Ici, Je présente trois modèles parmi les modèles phares de ma collection qui contient une trentaine de pièces que je présenterai à la fashion week à Paris, entre juillet et janvier. Je travaille sur la thématique des amazones, une peuplade de femmes nord-africaines qui se coupaient un sein pour mieux tirer à l'arc. C'est symbolique du courage de la femme algérienne qui est ma muse, une femme très forte, guerrière et entière. Cela tourne autour de cette philosophie. Pour les matières, j'aime bien la diversité en différentes inclinaisons. Par exemple, le tulle transparent ou la maille transparente. Et puis, je superpose d'autres matières. J'aime bien ce jeu de transparence. Ma collection c'est plus du conceptuel, des objets qui donnent à rêver, des modèles uniques. Après c'est à négocier avec des fabricants afin de décliner toute collection en prêt-à-porter. C'est un projet qui va certainement se réaliser ici en algérie. On essayera d'adapter tout ça à un produit algérien maghrébin, abordable pour toutes les bourses.». Notons enfin que Zino Touafek prendra part le 17 mai prochain à 16h à l'hôtel El Aurassi, à un grand défilé de mode haute couture-concours baptisé «Créateurs des deux rives. Lumière et liberté». Un événement fort attendu.