Appréhension Le citoyen anticipe déjà sur les prochaines restrictions. La grosse coupure d?électricité qui a plongé le nord du pays dans le noir, le 3 février dernier, a donné une idée au citoyen de ce qui l?attend avec le plan de délestage. Jamais autant de bougies n?ont été consommées cette nuit-là. Flairant la bonne affaire, certains commerçants n?ont pas hésité à taxer le nouveau produit miracle. Le lendemain de la mystérieuse défection de la centrale du Hamma, le prix des bougies a connu une hausse significative, passant de 90 DA le paquet de dix à 160 DA, à telle enseigne que certains citoyens n?hésiteront pas à parler de vol. «Tout est bon pour plumer le citoyen», nous dira un père de famille abordé dans la rue. D?après lui, cette histoire de déficit en matière d?alimentation en électricité ne tient pas la route. Ce ne serait, selon lui, qu?une sorte de diversion pour que certains s?enrichissent sur le dos du consommateur. Une fois le mot «délestage» lâché, l?inquiétude s?est installée : «Serait-on incapable d?assurer notre propre demande nationale ? » Là où le bât blesse pour certains, c?est de voir l?Algérie se procurer cette énergie chez ses voisins, le sentiment de fierté nationale en prend un sérieux coup. Mourad, un jeune d?Alger, ne veut pas entendre pareils propos, pour lui l?Algérie serait tombée bien bas si une telle éventualité devait se préciser. Pour Hakim, un jeune travaillant dans une pizzeria, il est temps de trouver un nouvel emploi, une occupation qui ne repose pas sur l?alimentation en électricité. « Je sens le chômage technique », dira-t-il. L?idée de se voir plongé dans l?obscurité à tour de rôle en angoisse plus d?un. Pour Hakim, l?acquisition d?un groupe électrogène s?impose, il proposera même l?idée d?une acquisition collective pour tout le quartier. Par ailleurs, plusieurs personnes ont décidé de mettre en veilleuse leurs projets d?achat d?appareils électroménagers, craignant de les voir hors service quelques jours après leur acquisition. Les vendeurs déclarent, pour leur part, avoir remarqué un regain de prudence chez les clients. Les ventes ont d?ailleurs connu une légère baisse ces derniers jours. - A Constantine, les délestages ne toucheront plus les forages et les stations de pompage pour l?alimentation en eau potable, et un système a été mis en place pour que les coupures de courant électrique ne durent qu?une heure au maximum, a annoncé, lundi, le chef de centre Sonelgaz de Constantine au cours d?une réunion consacrée aux problèmes des coupures de courant électrique et aux perturbations qu?elles provoquent dans la distribution de l?eau potable, dans de nombreux quartiers de la ville. Ainsi dans l?Est algérien, une centrale de 50 mégawatts (MW) est en rénovation à Annaba, un groupe de 200 MW est en révision à Jijel ; enfin, au niveau de la centrale du Hamma (Alger), un groupe de 200 MW est en réparation chez le fournisseur italien.