Convivialité - Les femmes, qui n'ont toujours pas vu Mounira, continuent à discuter avec sa mère. En souriant d'un air satisfait, el-hadja tend la main et goûte un morceau de tamina d'un air connaisseur : —Hum ! ça c'est une tamina, mes filles ! La mère de Mounira et les autres femmes se mettent à rire. —Goûtez ! Mangez ! —Non, dit Zahoua, pas avant d'avoir vu notre «aâroussa» ! —Oui, renchérissent les sœurs, oui ! Nous devons d'abord la voir ! La mère sort, suivie des autres femmes, probablement des tantes de Mounira étant donné leur âge, et pendant un long moment, les visiteuses restent seules. —Comment notre frère a-t-il pu laisser toutes les filles de Skikda pour venir chez ces «berriyine», murmure Zohra en avançant sa lèvre inférieure d'un air dégoûté. —Il faut dire que c'est un imbécile qui ne connaît pas «slahou» ! —Taisez-vous ! dit el-hadja Elles vont vous entendre ! J'ai vu la fille de loin et elle est bien «découpée», bien grasse ! C'est à ce moment que Mounira entre, vêtue d'une gandoura rose, qui, visiblement, ne lui appartient pas, car elle est légèrement trop longue pour elle. Elle baisse les yeux, intimidée, osant à peine avancer pour embrasser les nouvelles venues. Pendant un moment, c'est le silence. Cinq paires d'yeux sont braquées sur la jeune fille rougissant sous la lumière crue de la lampe pendue au plafond bas. Elle se baisse pour embrasser les visiteuses l'une après l'autre et prend place de l'autre côté de la meïda, entre sa mère et sa tante, bien en vue, terriblement consciente des regards des autres. Les sœurs ne disent rien, et soudain, el-hadja met la main devant sa bouche et pousse un youyou. Ses filles l'imitent et Mounira baisse la tête avec un soupir de soulagement. (A suivre...)