Rançon - Il y a à peine deux mois, l'ex-ambassadrice américaine au Mali, Vicki Huddleston, avait affirmé que Paris avait versé des millions de dollars pour obtenir la libération de ses otages enlevés en septembre 2010 au Niger. Des déclarations graves qui avaient vite fait de mettre dans l'embarras toute la diplomatie française, qui avait démenti en bloc. Seulement voilà, qu'hier, vendredi, la chaîne de télévison française I-Télé révélait que Paris avait encore une fois versé une rançon pour obtenir la libération de la famille Moulin-Fournier, le 19 avril. Ainsi, d'après I-Télé, cette rançon aurait soit été payée par le groupe GDF-Suez, employeur de Tanguy Moulin-Fournier, à la demande de l'Elysée (l'Etat français est actionnaire à 36% du groupe) soit payée par le président du Cameroun, Paul Biya, sur ses «fonds propres», et on se doute bien qu'il ne les a pas donnés sans contrepartie ou garantie de remboursement d'une manière ou d'une autre... Deux hypothèses qui contredisent la version officielle du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et celle du Président Français, François Hollande, qui ont affirmé le jour de la libération qu'aucune rançon n'avait été versée. En outre seize membres de Boko Haram, emprisonnés au Cameroun et au Nigeria, auraient, par ailleurs, été libérés. Violant la règle de non-versement de rançon, Paris participe encore une fois directement au financement du terrorisme. Selon la chaîne française, la rançon se chiffrerait autour de sept millions de dollars. Ainsi, c'est encore une fois les efforts de la communauté internationale dans sa lutte contre cette pratique qui affecte de manière profonde la lutte contre le terrorisme transfrontalier, qui en prend un coup. Encore une fois, la France, peu soucieuse des autres considérations sécuritaires, a choisi de négocier avec un groupe terroriste. Et encore une fois, ce sont les considérations de politique intérieure qui guident l'engagement français face au danger terroriste. A l'issue des déclarations faites par l'ex-ambassadrice américaine au Mali, Vicki Huddleston, en février, Alger n'avait pas manqué de faire valoir sa position. «L'Algérie condamne fermement la pratique du versement des rançons aux groupes terroristes et à leurs associés du crime transnational organisé, qu'elle soit le fait d'Etats ou d'organismes publics ou privés», avait alors, tenu à réaffirmer le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani. Selon les chiffres avancés mardi, par le sous-secrétaire américain au Trésor chargé de la lutte contre le financement du terrorisme et du renseignement financier, David Cohen, les organisations terroristes ont collecté environ 120 millions de dollars en paiements de rançons, au cours des huit dernières années.