Exploit Avec beaucoup de volonté et de persévérance, le hip-hop est parvenu à s?imposer dans les esprits tenaces, traditionalistes et à devenir une culture avec ses règles, ses définitions. Étranger à nos habitudes culturelles, en rupture avec notre patrimoine ancestral, mais mieux adapté à la sensibilité des «jeunes gens», parfaitement compatible à leurs besoins langagiers et, du coup, répondant littéralement à leur réalité présente, le hip-hop est d?abord un fait culturel qui, depuis les années 1990, connaît, en Algérie, un essor fulgurant, un parcours triomphal. Il se fait, en dépit des réticences de quelques esprits conservateurs, une place parmi les autres faits culturels, et arrive à s?incruster dans une société en pleine mutation. Le hip-hop, une culture s?inscrivant d?abord dans la rue, suscite ainsi, depuis quelques années, un engouement chez les jeunes générations, qui aspirant à un nouveau modèle culturel, donc à un nouveau mode de vie, l?ont vite adopté parce qu?il s?agit d?une forme d?expression, voire d?un langage à même de faire ressortir leurs émotions, de cristalliser leurs pensées, mais aussi d?affirmer, de démarquer la spécificité, voire l?identité de ces jeunes en rupture avec l?ancienne génération et les valeurs bourgeoises. Le hip-hop vient des Etats-Unis d?Amérique. Il est né et a évolué au sein de la communauté noire, à partir des années 1970 ; ensuite, durant la décennie 1980, il est sorti des ghettos afro-américains et de ses frontières, traversant ainsi l?Atlantique pour se répandre partout dans le monde. Il fut un temps où le hip-hop était décrié, jugé vulgaire parce qu?illustrant la culture de la rue, parce que représentant les quartiers populaires, les banlieues, à savoir ses jeunes, oisifs et marginalisés, avec leur langage et leur comportement, jugés suspects par la bourgeoisie qui s?en méfie. Mais peu à peu, et avec beaucoup de volonté et de persévérance, le hip-hop est parvenu à s?imposer dans les esprits tenaces, traditionalistes et à devenir une culture avec ses règles, ses définitions, ses particularités et ses modalités. Le hip-hop devient alors une culture à part entière, un fait social définissant une génération. On entend par le vocable «hip-hop», chant, musique, danse, mais aussi un ensemble de comportements psychologiques et d?habitudes sociales, c?est un ensemble d?attitudes dans la manière de parler, de s?habiller et même de réfléchir. Ces jeunes, sortant juste de l?adolescence et qui trouvent, par ce moyen, un exutoire à leur frustration ainsi qu?à leur marginalisation, cherchent à exister comme étant une entité, une différence, une spécificité. De la chanson, de la musique mais aussi de la danse, une chorégraphie «sururbaine» que l?on qualifie également de «break-dance». Une danse imaginée, matérialisée dans la rue et qui se réfère à l?univers de la rue, à la vie des banlieues. Chez nous, dans les grandes villes où la culture hip-hop s?est fortement incrustée dans les mentalités, les jeunes s?en vont, par groupe, investir des espaces publics ou parfois des scènes de spectacle, exprimer leur différence, leur identité. Ils vont «coudre et découdre leur univers» qu?ils recréent par leurs chants, à travers leurs mouvements corporels, en somme selon leur attitude hip-hop. Le hip-hop est un fait parmi tant d?autres faits culturels et artistiques. Il s?agit d?un art qui, devenant une référence, investit peu à peu les scènes de spectacle, il continue sans arrêt à impressionner, à triompher, à s?imposer ; il se fait un public jeune, fidèle et de plus en plus nombreux.