Il faut arrêter de considérer comme folle toute personne ayant des problèmes psychiques car c'est la meilleure façon de l'enfoncer et d'aggraver son état, ne cessent de clamer les médecins. Il est en effet temps, avec les progrès énormes que l'humanité a réalisés dans tous les domaines en ce XXIe siècle, que les Algériens reconsidèrent les troubles psychologiques. «Les structures actuelles sont des cliniques privées qui, pour la plupart, ne sont pas adaptées aux soins psychiatriques», a affirmé, jeudi, à Alger, le président de la Société algérienne de psychiatrie, le Pr Farid Kacha, en marge des 16es Journées nationales de psychiatrie. Pour éviter l'aggravation de ces pathologies, il a appelé à recourir aux spécialistes dès les premiers signes d'apparition des troubles du comportement et des variations de la personnalité. Environ 4 à 5% de la population souffrent de maladies psychiatriques et nécessitent un suivi médical adapté. La prévalence de l'affection psychopathologique est amenée à augmenter, selon le même intervenant à cause de problèmes socio-économiques, notamment le chômage, la dégradation du pouvoir d'achat, la crise du logement et les séquelles liées à la décennie noire. Abordant le volet du suivi médical, le Pr Mohamed Alouani du service de psychiatrie au CHU de Sétif, a souligné, pour sa part, qu'en dépit de la demande pressante des malades, «il y a des inégalités en matière de soins et de prise en charge, puisque la plupart des psychiatres sont localisés dans le nord du pays». Même dans les métropoles, il y a un manque de structures hospitalières comme à Alger qui dispose uniquement de deux grands hôpitaux celui de Drid-Hocine et de Chéraga. «Nous n'avons même pas 1 000 lits à Blida, le plus grand hôpital en Afrique puisque ses structures ont été absorbées par d'autres services, notamment de chirurgie et de médecine de manière générale». Le Pr Bouchène a fait savoir que les troubles psychiatriques nécessitent une prise en charge médicamenteuse, et des psychothérapies nouvelles telles que la psychothérapie comportementale. Le but à travers ces journées, selon lui, est de transmettre un message aux gens pour ne pas stigmatiser cette maladie en relation directement avec le psychisme. Il faut rompre avec les idées négatives en considérant un malade atteint de troubles psychiatriques comme un fou, ce qui rend plus difficile sa guérison. Selon une étude épidémiologique réalisée à l'hôpital de Chéraga, environ 1% de la population est atteinte de schizophrénie, a souligné, le psychiatre Mohamed Nadjarai. Ce n'est pas une maladie héréditaire, mais il y a certaines maladies liées au facteur génétique. La schizophrénie touche une tranche d'âge se situant entre 18 et 30 ans, mais actuellement elle atteint des sujets moins jeunes. Pour les dépressions, toutes les tranches d'âge peuvent être atteintes mais rarement chez les enfants . Autres formes de maladie psychiatrique, les démences, une forme d'atteinte intellectuelle qui apparaît après la cinquantaine ou la soixantaine, par exemple la maladie d'Alzheimer. Entre 400 et 500 psychiatres activent en Algérie tous secteurs confondus. - Concernant la relation entre les troubles psychiatriques et le suicide, le psychiatre Mohamed Alouani a indiqué que «80% des sujets qui se sont suicidés sont des malades mentaux», selon une étude qu'il a réalisée en 2005 dans deux wilayas du pays sur un échantillon de 50 personnes qui se sont suicidées. Le taux de suicide en Algérie est de 2 pour 100 000 habitants. C'est un taux similaire à ceux du bassin méditerranéen, alors qu'en France la prévalence du suicide est de 23 sujets pour 100 000 habitants. Alger et Tizi Ouzou sont les villes qui ont le taux le plus élevé et qui sont les plus touchées par ce phénomène, a-t-il conclu.