Scène - ‘Oumssia fi Paris' (Soirée à Paris) est la pièce présentée, hier, sur les planches du Théâtre national et ce, dans le cadre de la 8e édition du Festival national du théâtre professionnel qui se poursuivra jusqu'au 2 juin. Ecrite par Madjid Ben Chikh, la pièce, dont la mise en scène est signée Hacène Boubrioua, est une nouvelle production du Théâtre régional d'Oum El-Bouaghi. Elle est en compétition pour disputer le prix de la meilleure représentation. Cette pièce qui évoque les massacres du 17 Octobre 1961 à Paris, s'inscrit dans un cadre historique et évolue dans ce sens. Ce crime commis contre des Algériens immigrés lors d'une manifestation pacifiste pour revendiquer le droit du peuple algérien à la liberté et à l'état de droit. Tout commence dans un hangar où un groupe de policiers français aux idéologies disparates, attendaient l'ordre pour intervenir et réprimer violemment les immigrés algériens qui manifestaient. Il se trouve toutefois que, l'un d'entre eux est contre toute violence à l'encontre des manifestants. Il est même contre la guerre menée contre le peuple algérien. En tant que policier amené à répondre à l'ordre, celui de réprimer l'idéal et les aspirations des manifestants, donc du peuple algérien, il se sent complice de la tuerie qui s'en est suivie. Il se sent responsable des souffrances et tristesses du peuple algérien auquel il compatit. Le jeu se poursuit lorsqu'un manifestant tué se réveille, chez lui, en Algérie, dans un village des Aurès. Il retrouve sa fiancée, celle avec qui il devait se marier. Il retrouve aussi Yemma. Cette femme qui est peut-être sa mère ou peut-être sa belle-mère. Yemma revêt une symbolique, elle reste cette référence à l'Algérie. Cet Algérien tué par la police de Paris lors des manifestations est en quelque sorte ressuscité. Il se réveille dans un autre ailleurs, celui des morts. Si dans ce monde immatériel, intemporel il retrouve sa fiancée, c'est parce que celle-ci est aussi tuée par l'armée française. Et Yemma est ce lien ferme et résistant qui les unit et les met dans un rapport de réciprocité. Dans une mise en situation directe, la pièce est accompagnée d'effets sonores tantôt percutants afin de souligner une atmosphère de tension et de détresse favorables à l'accompagnement du texte et tantôt tempérés pour dire la douceur et la béatitude de l'espoir, celui de l'indépendance de l'Algérie. Elle est également accompagnée d'effets de lumières, le tout apportant les ingrédients nécessaires au renforcement de la dramaturgie du texte. Tout cela a fait que la pièce a vraiment séduit le public qui l'a chaleureusement applaudie. Elle a suscité autant d'émotion que d'admiration. Parce qu'il s'agit là d'une reconstitution sur les planches d'une histoire douloureuse. Cela s'est fait grâce à une dramaturgie adéquate au contenu de la trame et à son déroulement.