Dans le souci d?éviter un «remake» du catastrophique été 2003, une grande opération de toilettage a été entamée dans nos plages, au grand bonheur des amoureux de la grande bleue. Pour ces derniers, les tristes souvenirs de la conjonctivite et autres épidémies sont toujours vivaces! Cette campagne, qui consiste à collecter les ordures jetées sur les plages depuis plusieurs mois, concerne d?autres plages des régions du littoral, notamment les plages d?Aïn Benian, de Boumerdès, d?Aïn Turck, d'Arzew (Oran) et de Skikda. Une démarche qui devient, aujourd?hui, impérative puisque l?année dernière, l?Algérie a été secouée par les scandales des plages polluées et des épidémies virales. Ainsi, en 2003, 38 plages sur les 41 ouvertes aux estivants ont été interdites à la baignade pour mauvaise qualité bactériologique de l?eau. Palm-Beach, Azur-Plage et El-Manzah ont été fermées, à la suite de l?apparition d?une épidémie de conjonctivite et de dermatoses. Les examens bactériologiques ont confirmé la contamination de l?eau de ces plages par des germes salmonelles mineurs, qui ont provoqué la conjonctivite et des éruptions cutanées. En outre, une couleur boueuse et jaunâtre est apparue sur la côte-est, entre les plages de Frégate et de Tamentfoust, ce qui a poussé la fermeture officielle de ces deux sites aux estivants en attendant les résultats de l?analyse. Il faut dire que l?état actuel de nos plages est alarmant. Sur les 511 plages que comptent les 1 200 km de côtes algériennes, près de 200 sites ont été interdits à la baignade. Une réelle menace sur la santé et l?environnement. Selon les experts, les facteurs de cette pollution sont multiples : la plupart des villes situées sur la côte algérienne déversent quotidiennement leurs eaux usées directement dans la mer. Les groupements industriels aussi, ce qui est plus dangereux. Les analyses bactériennes effectuées l?année dernière démontrent que les sites portuaires d?Oran, d?Alger, de Ténès, de Béjaïa et de Skikda sont au-dessus des normes admises, alors que les zones portuaires d?Arzew, de Béthioua, de Mostaganem, de Jijel et de Annaba se situent au-dessus de la valeur limite. En outre, on sait que des concentrations élevées de métaux sont enregistrées au large des zones côtières, notamment de l?arsenic à Ghazaouet, du cadmium aux Andalouses, à Mazafran et à Bouharoun et du mercure à Alger. Le transit des pétroliers par nos côtes est aussi dangereux. Ainsi 100 000 tonnes de pertes par an sont signalées au cours des opérations de chargement à partir de nos côtes. Et 12 000 tonnes sont déversées chaque année au large par les gros transporteurs. Les ports algériens restent sous-équipés en matière de station pour faire face à de telles opérations. Par ailleurs, 70 % des stations d?épuration sont à l?arrêt. Alors que seulement 46 stations d?épuration des eaux domestiques ont été réalisées pour répondre aux besoins d?une population de 2 452 000 habitants. Actuellement, 58 stations d?épuration sont en projet, dont 17 en cours de réalisation. Aujourd?hui, 14 stations seulement sont fonctionnelles. Les autres sont en panne, ou carrément délaissées. Mais peut-on quand même espérer un été 2004 sans maladie ?