Par manque d'information, les rumeurs alimentent davantage la panique chez les populations. Les épidémies se succèdent en Algérie. Des cas de typhoïde, d'angine blanche, de méningite, de gale et de tuberculose sont décelés et deviennent de plus en plus inquiétants. Pis, des maladies sont signalées pour la première fois dans notre pays. Et la liste reste ouverte. Par manque d'information, les rumeurs alimentent davantage la panique chez les populations. Certes, les responsables du ministère de la Santé les rassurent, à chaque fois, sur la maîtrise de la situation. Mais, ils restent peu prolixes. Et c'est cette situation qui suscite des interrogations et plusieurs interprétations sur ces maladies. C'était le cas pour le syndrome néphrétique aigu qui a touché, en août dernier, près de 98 personnes à Sidi Bel Abbès avant que son origine n'ait été identifiée (le virus à ARN positif de type Hanta virus). Cette pathologie est apparue pour la première fois en Algérie tout comme les cas de filariose de Médine signalés dans la wilaya d'Illizi. Aussi, à Bejaïa, 192 malades ont été hospitalisés le 9 septembre dernier suite à l'apparition de l'angine blanche. La même épidémie a touché 24 sapeurs-pompiers à Aïn Defla. La situation épidémiologique à Tiaret est aussi alarmante. En effet, 12 cas de typhoïde ont été confirmés tandis qu'une trentaine de personnes susceptibles de développer les symptômes de cette épidémie sont toujours en observation. L'origine de cette maladie n'est, selon le responsable de la communication au département de la santé, M.Slim Belkacem contacté, hier, pas encore identifiée. Cependant, la piste de la transmission hydrique n'est pas écartée. En ce sens, il a été procédé à des prélèvements d'échantillons d'eau. De plus, un puits suspect a été scellé. La wilaya d'Oran demeure la plus touchée par les maladies épidémiologiques. En sept mois, plus de 570 cas de tuberculose, 2750 autres de conjonctivite bactérienne et virale, plus de 50 cas de rage et plus de 60 cas de fièvre boutonneuse ont été enregistrés. Aussi, 50 nouveaux cas d'hépatite ont été enregistrés cette année dans la wilaya. Il faut dire que la pollution y est pour beaucoup dans la propagation et l'extension de ces maladies. Le manque d'hygiène, la présence de décharges publiques et égouts à ciel ouvert dans la plupart des villes et villages du pays et la détérioration des réseaux d'assainissement attirent naturellement des facteurs de nuisance tels qu'insectes et rongeurs, vecteurs de maladies. Il faut dire que la culture de prévention est quasiment absente. En principe, tout doit régulièrement être contrôlé et surveillé: désinfection des réseaux d'eau potable, multiplication des analyses bactériologiques et physico-chimiques des ressources hydriques, renforcement des inspections sur les communes «à risque»... C'est dire que chaque année, la population doit faire face à des fléaux parfois d'une autre époque. L'on se rappelle les cas de la peste bubonique enregistrés en 2003 et qui ont bouleversé l'ouest du pays, notamment à Oran, Mascara et Aïn Temouchent. L'absence d'entretien du réseau des eaux usées et la prolifération des décharges sauvages, faute de ramassage des ordures ménagères, favorisant la prolifération des rats, vecteur de cette maladie, ont été fortement dénoncés. Mais, faut-il qu'une catastrophe survienne pour que les autorités concernées «bougent»? D'ailleurs, c'est après que la peste eut tué plusieurs personnes qu'une campagne de désinfection et de dératisation a été entamée. Il est clair que le citoyen a une part de responsabilité. Car, ces épidémies auraient pu être évitées par des gestes simples. Par un comportement civique. Toutefois, les collectivités locales ont aussi une grande part de responsabilité. La responsabilité du département de Amar Tou est également, clairement établie. Le défaut d'une «véritable» politique sanitaire, le manque de personnel médical et paramédical, notamment dans les Hauts-Plateaux et dans le Sud et l'insuffisante couverture sanitaire expliquent, du moins en partie, les carences constatées en milieux hospitaliers.