Objectif - La genèse des différentes réformes qu'a connues la Constitution depuis l'indépendance révèle que l'enjeu est le pouvoir et rien d'autre. La Constitution du 23 février 1989 n'a fait que traduire dans son article 40 les aspirations du peuple algérien à la démocratie dont le multipartisme est devenu depuis une réalité incontournable. Après une décennie noire et tous les dérapages qui ont marqué cette période sanglante de notre histoire, un semblant de stabilité institutionnelle est venu avec la présidentielle du 16 novembre 1995. L'élection de Liamine Zeroual était attendue surtout sur ce chantier constitutionnel qui était inscrit dans son programme comme une priorité devant un peuple en attente d'une lueur d'espoir de paix et d'une projection démocratique sur des bases solides. Le texte proposé par M. Zeroual est venu avec un fait nouveau qui est l'interdiction de l'utilisation de la l'islam à des fins politiques. Cette Constitution s'est distinguée également par la limitation des mandats présidentiels à deux ans. Abdelaziz Bouteflika a, lui aussi, au lendemain de son investiture en 1999, exprimé son intention d'apporter quelques modifications à la Constitution existante. Dans son premier mandat, il convoqua les deux Chambres pour la constitutionnalisation de la langue amazighe comme langue nationale, à la faveur des événements de 2001 en Kabylie. A son deuxième mandat, Bouteflika voit plus loin et veut plus, soit un troisième mandat qu'il ne peut obtenir qu'avec l'amendement de la Constitution qui, à l'époque, limitait le nombre de mandats présidentiels à deux. Ce qu'il ne tarde pas à faire en convoquant les deux Chambres du Parlement pour se débarrasser définitivement de ce verrou limitatif et pouvoir se présenter pour la troisième fois en 2009. Aujourd'hui, une nouvelle Constitution se profile à l'horizon en perspective de l'élection présidentielle de 2014 car tout l'enjeu est là. Un objectif très proche qui fait courir aussi bien les partisans du 4e mandat pour Bouteflika que les adeptes d'une Constitution avec une limitation des mandats présidentiels. Si les premiers sont à la recherche d'une légitimité constitutionnelle pour prolonger aussi longtemps que possible le mandat présidentiel et l'instauration d'une vice-présidence, pour les autres, le temps est arrivé pour changer de projet politique. Il est vrai que la maladie du président de la République a quelque peu pris le dessus sur ce débat, voire a chamboulé l'agenda d'El-Mouradia. Mais, le projet de révision constitutionnel est bel et bien maintenu, rassure la commission d'experts installée à cet effet. Cette volonté de changer la Constitution à chaque échéance électorale apparaît, néanmoins, comme une particularité purement algérienne puisque dans tous les pays qui se respectent ce texte est l'œuvre des représentants du peuple élus essentiellement pour cette mission. L'exemple de ce qui se passe en Tunisie et en Egypte est d'ailleurs illustratif.