Le 9 avril 2009, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, réalise l'un de ses vœux les plus chers. Arrivé à la fin de son deuxième mandat, il réussit la prouesse de se faire élire pour un troisième mandat, avec 90,24 % des voix et un taux de participation des plus élevés, 74,54 %, depuis le début de son règne en 1999. Cela dans une élection fermée, au résultat dit « connu d'avance ». Les candidats faire-valoir sortent avec des scores peu honorables. Louisa Hanoune (PT) arrive en 2e position avec 4,22 % des suffrages, Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA) en 3e place avec 2,31%, Djahid Younsi (El Islah) en 4e position avec 1,37 % des voix, Ali Fawzi Rebaïne (AHD-54) en 5e place avec 0,93 % et enfin, Mohamed Saïd (Parti de la justice et liberté, PJL) en dernière position avec 0,92 % des voix. Quelques inaudibles voix, dont celles de Rebaïne, crient à « la fraude ». Même sur le plan international, l'heure est à l'applaudissement du vainqueur. Le président français, Nicolas Sarkozy, figure parmi les premiers chefs d'Etat félicitant Bouteflika. Les Etats-Unis sont le seul Etat qui se distingue, un tant soit peu, par une position timorée, se déclarant « préoccupé » par les accusations de fraude électorale après la réélection du président Bouteflika. Cela sans toutefois remettre en cause la légitimité du scrutin. La cérémonie d'investiture se déroule le 19 avril au Palais des nations sans la présence de l'ancien président, Liamine Zeroual, artisan de la Constitution de 1996 qui a consacré l'alternance au pouvoir en limitant, dans son article 74, le nombre de mandats présidentiels à deux. Pour nombreux observateurs, l'absence de Liamine Zeroual à la cérémonie d'investiture est significative. Elle porte en elle « un fort message politique » illustrant un désaccord entre les deux hommes. Un désaccord qui peut trouver explication dans la réélection même de Bouteflika qui n'a été rendue possible que par la révision de la Constitution de 1996, le 12 novembre 2008. Une révision par laquelle le chef de l'Etat a pu sauter le verrou constitutionnel qui l'empêchait de briguer d'autres mandats présidentiels. Même que la « voie est dégagée », le président Bouteflika peut rester autant qu'il veut au sommet du pouvoir.