Drame - Le nombre d'enfants abandonnés par leurs parents, ne cesse d'augmenter chaque année, d'une manière qu'on peut qualifier d'inexorable. Ces âmes innocentes qui viennent au monde dans une société dont le moins qu'on puisse dire est hermétiquement fermée, sont souvent le fruit d'une union illégitime, d'erreurs ou de viols, donc souvent nés sous X et abandonnés par leur mère célibataire. Ils sont souvent orientés vers des centres spécialisés où ils trouvent de tout sauf la chaleur d'une véritable famille et le statut juridique d'un enfant qui jouit de tous ses droits. Le centre d'enfants assistés de Boukhalfa, sis 5 kilomètres à l'ouest de la ville des Genêts (Tizi Ouzou), est un exemple de ces centres où ont transité des milliers d'enfants, qui y ont même grandi, repris par leurs parents biologiques ou par des familles d'accueil. Ce centre reçoit des dizaines d'enfants nés sous X de différentes wilayas du pays. Ces derniers dont l'âge varie entre 0 et 13 ans sont pris en charge par une équipe composée de deux médecins, deux psychologues et un psychologue orienteur scolaire en plus d'un staff d'éducatrices et d'auxiliaires chargés de leur prodiguer les soins nécessaires et la chaleur familiale dont ils ont besoin pour évoluer dans un environnement sain. Outre la prise en charge de l'Etat, ces enfants abandonnés reçoivent des dons de particuliers et de commerçants qui offrent jouets, habits et autres. C'est ce que nous avons constaté lors de notre virée effectuée hier dans ce centre qui accueille actuellement une vingtaine d'enfants. Bien que tous les moyens soient mis à leur disposition, près de la moitié de ces des enfants au regard innocent souffrent de différents handicaps psychomoteurs liés aux déroulement de la grossesse et de l'accouchement. Car, il faut dire que les mères célibataires tentent généralement tout pour se débarrasser de leur enfant illégitime avant sa venue au monde en avalant des médicaments pour se faire avorter ou bien en se comprimant dans des vêtements étroits pour cacher leurs grossesse dans une société où la grossesse illégitime est intolérable. Les conséquences de ces actes sont malheureusement dramatiques pour ces enfants qui, outre leurs statuts d'enfants illégitimes, traînent des handicaps à vie. D'ailleurs, au niveau de ce centre nous avons constaté l'existence d'enfants présentant des infirmités motrices et des malformations ou encore des trisomiques. Ces derniers ne peuvent bénéficier d'une famille d'accueil dans le cadre de la kafala, comme les enfants sains, et restent souvent dans les centres jusqu'à leur majorité. Des chiffres contradictoires ? Bien que les chiffres officiels n'aient pas été fournis par la direction de centre qui dit avoir reçu des directives interdisant le dévoilement des statistiques qui restent confidentielles afin de protéger ces enfants, il en ressort d'après des statistiques publiées par les services de la sûreté de wilaya en marge d'une journée porte ouverte sur l'enfance au niveau de leur siège dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de l'enfance qui coïncide avec le 1er juin et de la Journée de l'enfant africain qui coïncidera avec le 16 juin, que rien que durant la période s'étalant du mois de janvier au 31 mai dernier, 100 enfants ont été accueillis par la pouponnière de Boukhalfa. Ce centre reçoit en moyenne, cinq enfants par mois venant de différentes wilayas du pays. Parmi ces enfants abandonnés il en existe 32 qui souffrent de maladies et de troubles, dont la détérioration psychologique et mentale en raison de l'état psychologique dans lequel se trouvaient leurs mères pendant la période de grossesse. L'accès aux chiffres au centre de Boukhalfa est tributaire d'une autorisation dûment délivrée par la Direction de l'action sociale de la wilaya de Tizi Ouzou. Par ailleurs, il est important de signaler que lors de cette journée, une exposition photos a été organisée et des statistiques relatives aux affaires traitées par la brigade de la protection de l'enfant ont été affichées quant à l'implication des mineurs ou encore des enfants en danger morale et physique. Les statistiques relatives aux enfants en danger moral et physique sont effarantes. Rien que pour l'année 2011, on dénombre 4 cas de fugue, 61 enfants remis à leurs parents, 03 cas placés dans des centres spécialisés et 01 seul placement dans une pouponnière. Pour l'année 2012, il a été enregistré 55 cas d'enfants en danger moral et physique, 4 cas de fugue, 47 enfants remis à leurs parents et 12 placés dans des centres spécialisés. Alors que pour les cinq mois de l'année en cours, le nombre d'enfants en danger moral et physique est de 20 cas, 01 cas de fugue, 18 enfants remis à leurs parents et trois placés dans des centres spécialisés. Concernant les mineurs victimes de différents délits, pour l'année 2011, on dénombre 03 cas de vols, 11 cas d'actes contre nature, 01 cas d'attouchements sexuels, 21 cas de violences volontaires, 05 cas de mauvais traitements et 11 cas d'incitation de mineurs à la débauche. Alors que pour l'année 2012, les mêmes services ont fait état de 01 cas de viol, 09 cas d'actes contre nature, 07 cas d'attouchements sexuels sur mineurs, 25 cas de violence volontaire, 02 cas de mauvais traitements, 02 cas d'enlèvement et 11 cas d'incitation de mineurs à la débauche. Depuis le début de l'année en cours, il a été enregistré un viol, 06 cas d'actes contre nature, 03 cas d'attouchements, 06 cas de violence volontaire, 02 tentatives d'enlèvement et 01 cas de vol. Un siège pour le SAMU social Le Service des aides mobiles d'urgence social (SAMU) de Tizi Ouzou qui prend en charge toutes les personnes sans domicile fixe et de toute personne en détresse, ne dispose pas de siège. En effet, ce service relevant de la direction de l'action sociale qui est opérationnel depuis 3 années au niveau de la ville de Tizi Ouzou ne dispose d'aucune structure. C'est au centre pour personnes âgées et handicapées de Boukhalfa que ce dernier a élu domicile. En effet ce service qui prend en charge les SDF et toutes personnes en détresse dont des femmes battues, des mères célibataires, des personnes présentant des troubles psychologiques et autres, effectue des sorties nocturnes à partir de 22h afin de déterminer quelles sont les véritables personnes sans domicile parmi les dizaines de mendiants et mendiantes qui envahissent quotidiennement les artères de la ville des Genêts. Bien qu'ils ne peuvent leur procurer un gîte digne de ce nom, en travaillant en nette collaboration avec les scouts musulmans et les différentes associations, ils essayent d'atténuer un tant soit peu les souffrances des personnes en détresse en leur procurant des repas chauds, couvertures et habillement spécialement durant la période hivernale. Ce service prend également en charge les femmes en détresse qu'il héberge durant 48h avant de les orienter vers des centres spécialisés. Bien que parfois ces femmes en détresse soient réintégrées dans leurs familles respectives après la médiation de ce service, d'autres sont orientées vers des structures pour une meilleure prise en charge. La période de séjour des «hôtes» est parfois largement dépassée en raison de la lenteur de la procédure qui parfois prend de longs mois et même des années. Tel le cas d'une résidente de cette structure qui y est depuis deux longues années. Répudiée, cette dernière n'a nulle part où aller. Pour ce, il est primordiale que cette structure, opérationnelle depuis 2010, bénéficie d'une existence officielle à l'image des autres structures du pays afin d'être dotée de tous les moyens nécessaires pour bien mener sa mission.