Résumé de la 25e partie - Le médecin se laisse convaincre par l'infirmière en installant tous les appareils qu'elle lui avait demandés... Marcelle Davois obtint, dès les premiers examens radioscopiques, les «chocs psychologiques» qu'elle recherchait chez les malades. Mais j'ai tout lieu de penser que sa plus grande victoire fut sur moi ! Certes, pendant mes études, j'avais souvent manié des appareils de radio et étudié des plaques, mais il me manquait la véritable pratique et surtout de longues observations de clichés pour pouvoir, dès le premier examen sommaire à travers la glace-écran, déceler la nature exacte du mal. Marcelle, au contraire, possédait cette pratique et, tous les soirs - quand les consultations étaient terminées -nous nous penchions, elle et moi, sur les plaques qu'elle venait de développer dans les cuves. Je dois reconnaître qu'elle m'apprit alors beaucoup de choses. Pendant ces séances, j'avais l'impression d'être devenu son élève, ce qui ne devait certainement pas lui déplaire ! Sa voix monocorde parlait pendant que son index suivait les moindres contours reproduits sur chaque plaque. — «Voyez, docteur, cette radio rénale du père Heurteloup... Elle éclaire considérablement votre diagnostic... Le bassinet est déformé, les calices sont amputés... il en manque déjà un : c'est la preuve irréfutable d'une tumeur maligne. Ce qui vous avait empêché de la découvrir jusqu'à cette radiographie est que ce genre de tumeur se développe surtout en avant où elle est prise pour le foie, et comme ce foie est également très malade, il était normal que vous n'ayez pas pensé à une deuxième affection.» Aucun doute n'était possible : le père Heurteloup avait une tumeur rénale en plus de sa cirrhose du foie. De toute façon il était perdu : sa cirrhose l'emporterait dans six ou huit mois au maximum. Pourquoi lui dire également qu'il avait un cancer du rein ? D'abord, comme me le confiait Marcelle, on ne dit jamais à un malade qu'il a un cancer... ensuite le bonhomme ne se laisserait pas opérer. Son seul passage dans la chambre de radio fut toute une histoire... — «Je ne veux pas qu'on me fasse des "choses" avec ces machines !», avait-il hurlé pendant que je le contraignais à se déshabiller. — «Mais je vous affirme, père Heurteloup, que ce n'est pas douloureux ! Ne bougez plus : mon assistante va vous faire une petite piqûre préliminaire...» C'était nécessaire pour l'urographie intraveineuse. Après bien des réticences le père Heurteloup avait fini par céder au calme froid de Marcelle qui lui avait injecté dans les veines dix centimètres cubes de Tenebryl, ce produit iodé et opaque qui s'élimine par le rein. Cinq minutes après, nous tirions un premier cliché des deux reins. Le vieux fermier parut tout étonné que ce ne fût pas douloureux. Mis en confiance, il accepta que je lui passe une ceinture autour du ventre avec un ballonnet que Marcelle gonfla progressivement pour écraser les uretères sur le bassin. (A suivre...)