Débat - La fusion entre la musique diwan auquel un festival algérois a été consacré, et d'autres styles musicaux est au centre des débats, depuis quelques années, entre puristes du style et adeptes du métissage musical. Alors que les uns voient dans la fusion un danger pour l'authenticité et la sauvegarde du patrimoine musical et culturel du diwan, les autres considèrent que la fusion est un phénomène naturel dans la vie des musiques et un facteur bénéfique pour la promotion du genre. Plusieurs «maâlmine» (chefs de cérémonie) prônent la préservation des cérémonies, du rituel et de la musique de la même manière que cela a été transmis, pendant que d'autres considèrent la fusion comme un processus naturel qui favorise la propulsion de cet art sur la scène internationale. Pour Maâlem Youssef, leader du groupe «Noudjoum Diwane» de Sidi Bel Abbes, «cette expression musicale et chorégraphique est, pour nous, un patrimoine musical national. Elle constitue une source d'inspiration et de fidélité aux legs des anciens. Le diwan n'a réussi à se transmettre oralement d'une génération à une autre que grâce à sa préservation jalouse et à la reproduction fidèle du rite ancestral.» De son côté, Yousri Tamrabet, musicien, joueur de gumbri et de karkabou pour plusieurs groupes d'Alger, «pour protéger le diwan et le préserver, mieux vaut transcrire les textes et classer ce style au patrimoine immatériel. Après cela, la fusion n'aura aucun effet néfaste sur le diwan traditionnel, car la fusion est pratiquement une obligation de la scène étant donné que l'on ne peut faire monter tout le rituel sur scène. La fusion doit se faire raisonnablement en respectant le thème du diwan et elle ne peut se faire sans une réelle maîtrise du diwan et des autres styles musicaux utilisés dans le métissage.» Quant à Maâllem Hakem, leader du groupe «Gnaoui el Ouaha» de Béchar, il dira : «la fusion ne peut être que bénéfique pour le diwan. Elle a propulsé le gnaoui marocain sur la scène internationale et le festival d'Essaouira est devenu une référence. Il est vrai que la transmission orale du diwan est une menace pour la survie du genre, et c'est pour cela qu'il vaudrait mieux penser à transcrire ce legs pour le préserver et laisser libre court à la créativité artistique».En effet, les artistes sont libres par définition, mais pour faire de la fusion, il faudrait avoir du respect pour cette pratique et pour le contexte historique dans lequel est né le diwan. On ne peut parler du diwan sans parler de la tradition soufi et des zaouïas qui ont été le ciment de l'identité algérienne».