Voie - La presse iranienne était unanime ce matin pour saluer la victoire du religieux modéré Hassan Rohani à la présidence, insistant sur la forte mobilisation des électeurs pour la «modération» face à «l'extrémisme». «Le soleil de la modération s'est levé», annonce le quotidien Arman. Etemad évoque «le salut de l'Iran au cheikh de l'espoir» en publiant en couverture une photo de Hassan Rohani, souriant et faisant le V de la victoire. Pour le quotidien réformateur Shargh, l'élection de M. Rohani signifie aussi «le retour de l'espoir et la victoire des réformateurs et des modérés» qui ont uni leurs forces face aux conservateurs divisés. Les voix des conservateurs ont en effet été dispersées entre quatre candidats. Les quotidiens reviennent aussi sur la décision cruciale du candidat réformateur Mohammad Reza Aref, qui s'est désisté en faveur de M. Rohani quelques jours avant le scrutin. «Rohani va loger rue Pasteur (l'adresse de la présidence iranienne) et Mohammad Reza Aref va passer à la postérité», affirme le journal réformateur Aftab (Soleil). Hier soir, alors que plusieurs milliers d'Iraniens fêtaient la victoire de leur candidat, des appels ont été lancés pour qu'il intègre le gouvernement en contrepartie de son geste. Les quotidiens conservateurs préfèrent insister sur la «victoire du peuple iranien», reprenant le message du guide suprême Ali Khamenei, alors que le taux de participation a atteint officiellement 72,7%. «Le vrai vainqueur est le peuple iranien», titre le quotidien Tehran Emrooz, qui avait milité en faveur du maire de Téhéran, le conservateur Mohammad Bagher Ghalibaf. Le quotidien ultraconservateur Vatan Emrooz a le jeu de mots facile en titrant «Un religieux élu à la tête du gouvernement», «Rohani» signifiant religieux en persan. Enfin, pour le quotidien Jomhouri Eslami, «le choix de Hassan Rohani signifie un Oui des Iraniens à la modération et un Non à l'extrémisme». M. Rohani «envoie le message que les Iraniens haïssent la pensée extrémiste et veulent que la modération dirige le pays», ajoute l'éditorialiste. Mais, souligne-t-il, «la modération ne signifie pas faire des compromis avec les puissances dominatrices (occidentales) et oublier les droits du peuple iranien». Pour obtenir la reconnaissance de ses droits, le président doit s'appuyer «sur la raison et la logique», affirme le journal. La victoire de M. Rohani permet aux modérés et réformateurs, soumis depuis plusieurs années à des pressions sans précédent, de ressusciter sur la scène politique, estiment les observateurs. Tout en étant le représentant de l'ayatollah Khamenei au Conseil suprême de la sécurité nationale, M. Rohani avait évoqué de possibles discussions directes avec les Etats-Unis, ennemi historique de l'Iran sur plusieurs dossiers parmi lesquels le dossier nucléaire. Il avait néanmoins précisé que son «gouvernement ne sera pas un gouvernement de compromis et de reddition».