L'Arabie a beau avoir déchu de sa nationalité Oussama Ben Laden, l'ombre de ce fils de l'une des plus riches familles de la péninsule continue de planer sur la lutte antiterroriste contre ses partisans imprégnés de wahhabisme, doctrine rigoriste de l'Islam en vigueur dans ce royaume. Longtemps considéré comme un allié arabe de taille des Etats-Unis, le royaume saoudien a vu ce statut privilégié remis progressivement en question à Washington, après les attentats du 11 septembre 2001 dont 15 des 19 auteurs étaient des Saoudiens. Après ces attentats, le royaume a été régulièrement présenté aux Etats-Unis comme le «terreau» de l'intolérance et du terrorisme. Pourtant, Oussama Ben Laden était parti en Afghanistan pour prêter main-forte à la résistance afghane, alors soutenue par la CIA, dans ce pays envahi par l'ex-URSS en 1979. Son action servait des intérêts communs aux Etats-Unis et à l'Arabie saoudite, hostiles au «danger communiste» que représentait le bloc soviétique. Mais avec l'effondrement de ce bloc à la fin des années 1980, l'allié d'hier devient trop encombrant. En 1988, il créa Al-Qaîda qui sème la terreur dans le monde, y compris en Arabie saoudite, frappée depuis mai 2003 par une série d'attentats. Ben Laden a déclaré aux Etats-Unis le djihad, que Washington et Riyad l'avaient encouragé à mener contre les envahisseurs soviétiques de l'Afghanistan.