Opinion - «C'est une journée bénéfique puisque même si je ne suis pas un drogué je peux orienter les jeunes vers les cellules d'écoute mobiles assurées aujourd'hui par la police». C'est en ces termes que le jeune Mohamed a témoigné sur la journée de sensibilisation contre la drogue, organisée, hier, par les services de sûreté de la wilaya d'Alger. Des équipes de psychologues et d'agents du service de l'action préventive de la sûreté de wilaya étaient sur place pour une action de sensibilisation, à travers de la documentation, des expositions de photos et des explications sur les dangers de la consommation de la drogue et ses effets néfastes sur la santé, la famille et la société. Des cellules d'écoute animées par des psychologues ont été déployées dans cette place publique pour contacter les jeunes et les parents et discuter des effets de ce fléau et des moyens de s'en débarrasser. Le chef de la Sûreté de la wilaya d'Alger, le commissaire divisionnaire, Noureddine Berrachdi, a indiqué que ce phénomène est en nette progression en Algérie, tout en appuyant ses dires par des chiffres concernant les saisies de drogue. Selon lui, durant la période s'étalant de janvier à mai 2013, 183 toxicomanes se sont présentés au niveau des cellules spécialisées de la sûreté de la wilaya d'Alger dont 66 ont été orientés. Par ailleurs, 227 ont bénéficié d'une prise en charge psychologique. En somme, dira-t-il, les services de police ont, durant la même période, procédé à la saisie de 62 kg de résine de cannabis et 21 172 comprimés de psychotropes ainsi que des drogues dures dont 5 grammes d'héroïne, 29,6 grammes de cocaïne pure, 5 grammes de morphine et 55 injections comportant la drogue dure Ce dernier a mis en exergue le rôle que doivent jouer la famille, l'école, la mosquée, pour réduire l'ampleur de ce fléau menaçant ayant un rapport direct, selon lui, avec la criminalité. «Nous sommes déterminés à atténuer un tant soit peu la consommation de cannabis qui est flagrante comparativement à celle des drogues dures». Cette journée placée sous le thème : «Non à un avenir inconnu, non à la drogue» permet, selon lui, de sensibiliser les jeunes et de communiquer avec eux. Plusieurs associations spécialisées dans la protection des jeunes, la direction des affaires religieuses, le bureau de formation ont pris part à cette journée. Ces spécialistes ont évoqué les différentes méthodes et les moyens de lutte contre la drogue dans les différents milieux. Une équipe de cynophiles a fait ses preuves sur un circuit fermé de la Grande-Poste où une quantité de drogue dissimulée à l'intérieur d'un véhicule a été retrouvée grâce à un chien renifleur. Le président des Associations de sauvegarde de la jeunesse (ASJ), a évoqué, de son côté, les actions de sensibilisation menées par cette association sur le terrain à travers les Samu scolaire et les psycho-bus appartenant à la DGSN, une expérience pilote dans le Bassin méditerranéen. «Il s'agit d'aller vers les jeunes pour les informer et les orienter et non pas le contraire.» 300 000 drogués Abdelkrim Abidat, président des Associations de sauvegarde de la jeunesse (ASJ), a indiqué que 300 000 drogués âgés de 15 à 30 ans, et dont 3% sont des filles, ont été recensés à l'échelle nationale durant le premier semestre de l'année en cours. Tout en se félicitant du travail accompli par les 1 000 éducateurs que compte son association, il précise que 1 295 toxicomanes ont été pris en charge au centre de soins thérapeutiques de Mohammadia durant les cinq derniers mois. Selon M. Abidat, la démission parentale, la déperdition scolaire, l'oisiveté sont les principaux facteurs qui poussent le jeune à consommer de la drogue.