Revendications - Le 21 août, le militant noir américain George Jackson, qui avait rejoint en prison le mouvement révolutionnaire afro-américain Black Panther Party (BPP), tente de s'évader de la prison de San Quentin en Californie... De sa cellule, il est abattu par les gardiens dans la cour de la prison. Sa mort provoque un mouvement de protestation dans la prison d'Attica (une des prisons les plus connues des Etats-Unis, située à Attica, dans l'Etat de New York, une petite ville située à mi-chemin entre Buffalo et Rochester). 800 prisonniers portant le lendemain un brassard noir en signe de deuil, refusent de prendre leur petit-déjeuner. Sam Melville, détenu blanc antiraciste condamné pour une série d'attentats similaires à ceux du Weather Underground (un collectif américain de la gauche radicale, se présentant comme anti-impérialiste et antiraciste, fondée en 1969 à Chicago), est l'un des initiateurs du mouvement de protestation. Progressivement, le mouvement de protestation s'étend aux conditions de détention d'Attica, les détenus critiquant en particulier le racisme des gardiens. La direction répond par des fouilles accrues. Ayant élu des représentants, les détenus demandaient alors des douches, des moyens pour étudier, moins de censure sur les courriers et les visites, une meilleure nourriture et des meilleurs soins médicaux, le droit de se rassembler à des fins politiques ou religieuses, la liberté de culte, une meilleure formation des gardiens, l'établissement d'une procédure visant à recueillir les griefs des détenus, la mise en place de programmes d'éducation et de réinsertion. Ils avaient droit à cette époque à une douche par semaine et un rouleau de papier hygiénique par mois par personne. Une de leurs revendications, la plus simple, était de pouvoir disposer de papier hygiénique à volonté. Une première requête avait été adressée par courrier. Puis, en réponse à des rumeurs de torture de deux prisonniers, les détenus se révoltèrent le 9 septembre 1971, s'emparant de la cour du bâtiment D et prenant quarante-deux gardiens et civils en otage. Leur déclaration affirme notamment : «Nous sommes des ÊTRES HUMAINS ! Nous ne sommes pas des bêtes et n'acceptons pas d'être traités et brutalisés comme tels. [...] Nous avons exprimé des revendications qui nous rapprochent du jour où ces institutions carcérales, qui ne sont d'aucune utilité pour le peuple américain et servent uniquement à ceux qui voudraient asservir et exploiter la population d'Amérique, disparaîtront enfin.»... À partir de là, le bras de fer s'était enclenché... Lire demain : «Les mutins demandent refuge à l'Algérie...»