Mue - Après de longues années de léthargie, la vie nocturne commence à se réinstaller timidement et de manière inégale dans la capitale. Réputée pour être l'une des avenues les plus fréquentées de la capitale, la rue Didouche-Mourad, est quelque peu animée bien qu'il soit 22 h passées : quelques terrasses et boutiques sont demeurées ouvertes, ce qui fait «prolonger la veillée», souligne un père de famille, sorti «prendre l'air» avec son épouse et ses enfants. D'autres apprécient la fraîcheur de la soirée autour d'un café entre amis ou en arpentant l'avenue à pied pour «éviter» la circulation automobile, pas suffisamment fluide même à cette heure de la soirée, fait remarquer Ahmed, qui aime à se «balader» avec deux amis. Ayant eu vent de la décision des autorités de redonner vie à Alger le soir, ce fonctionnaire s'en réjouit et espère que cela s'inscrira dans la durée. «Il était temps ! Il n'est pas normal et c'est même honteux qu'une capitale s'endorme dès la nuit tombée, ce qui pénalise les citoyens désireux de veiller et réduit le temps des loisirs et de la détente», soupire-t-il. La rue Larbi-Ben-M'hidi est, comme à son accoutumée, à peine animée. Une animation créée davantage par les piétons et autres automobilistes que par une trépidante vie nocturne qui suppose l'ouverture des commerces et autres enseignes de consommations diverses. Rares en effet, sont les commerçants encore en activité à cette heure-ci et pendant que certains ont fermé depuis un moment, quelques-uns s'affairaient à le faire. «Nous avons entendu parler de la décision des autorités de voir les commerces ouverts plus tard mais elle n'est toujours pas appliquée. A partir de 19h, les boutiques commencent à fermer et ce n'est que durant le ramadan que l'on veille plus longtemps», explique un vendeur de vêtements pour dames. En revanche, la mesure qui consiste à réhabiliter les façades des commerces en liaison avec leur réouverture de nuit, a commencé à être appliquée par certains commerçants qui ont entamé des travaux dans ce sens de sorte à ce que les devantures soient plus esthétiques tout en respectant unanimement l'espace réservé au trottoir. C'est sans doute dans le populeux Bab-El-Oued que l'agitation est la plus évidente : avant même d'attendre le mois sacré, les veillées prolongées entre amis ou en famille agrémentent déjà la vie du quartier. Le complexe El-Kettani est devenu, à la faveur de la saison estivale, le point de chute des habitants alentour, voire d'autres arrondissements de la capitale. L'avenue Colonel Lotfi menant au quartier des Trois-Horloges, particulièrement bruyant le jour, retrouve un brin de sérénité mais ne se départit pas totalement de son bouillonnement. Même si la plupart des commerces sont clos à partir de 20 h, la fréquentation humaine est telle qu'elle n'est pas sans rappeler l'ambiance prochaine du ramadan. La décision de redonner vie à Alger de nuit enchante, à n'en point douter, plus d'un. Ceux qui ont vécu dans une capitale plus agitée et joyeuse la nuit éprouvent la nostalgie du «bon vieux temps» alors que les plus jeunes qui s'en souviennent peu, aspirent à évoluer dans un quotidien moins triste.