Résumé de la 43e partie - A peine Marcelle partie, Christiane vient s'installer chez le docteur... «Chéri, me dit-elle à déjeuner, je me trouve si bien ici que j'ai décidé de prolonger mon séjour... J'espère que ça te fait plaisir ?» Si ça me faisait plaisir ? Mais j'aurais voulu qu'elle restât là toujours ! Le temps passa avec une rapidité déconcertante. Je redoutais la question que ma maîtresse finit par me poser à la fin de la deuxième semaine : - «Quand revient-elle ?» - «En principe demain soir.» - «Et tu crois qu'il faut absolument que je parte parce qu'elle revient ? Après tout, cette femme n'est pour toi qu'une employée !» - «Tu feras comme tu voudras, mon amour... Tu sais très bien que tu es chez toi, ici, mais j'ai peur que Marcelle ne te fasse du tort en parlant dans le pays...» - «Elle ? Tu m'as dit toi-même que c'était un mur de discrétion et qu'elle ne s'intéressait qu'à son métier. Pourquoi veux-tu qu'elle s'occupe de ta vie privée ?» - «Elle ne se le permettrait pas, j'en suis sûr, Christiane... Mais les gens, qui finiront bien par s'apercevoir que nous habitons ensemble, lui poseront des questions.» - «Tu n'as qu'à lui dire que, si elle se mêle de ce qui ne la regarde pas, tu la mettras immédiatement à la porte.» - «J'en ferais alors l'ennemie au lieu de la collaboratrice dévouée.» - «Elle t'est vraiment si utile que ça ?» - «Oui, Christiane.» - «Je n'insiste pas. Tu me reconduiras au château demain matin.» Le soir même, un peu avant le dîner, un télégramme arriva, signé Marcelle Davois, dans lequel elle m'informait qu'elle ne pourrait pas rentrer avant le lundi soir. Je bondis le montrer à Christiane. - «Hurrah, chérie ! Tu peux rester deux jours de plus !» - «Il est inouï de voir, Denys, comme ta vie est réglée maintenant par les décisions de ton assistante ! En somme elle veut bien t'accorder quarante-huit heures de permission supplémentaire... Cette femme est un véritable adjudant qui a transformé ta maison en caserne !» - «Je ne le crois pas, Christiane, et si tu la connaissais un peu plus, tu changerais d'avis sur son compte comme beaucoup de gens en ville... Mais cela ne m'a pas empêché de réfléchir à notre conversation de ce matin : si tu veux, non seulement venir dans cette maison mais y rester quand cela te fera plaisir sans que nous nous préoccupions de ce que peut penser une Marcelle Davois ou même toute la ville, je ne vois qu'une solution : annoncer nos fiançailles et nous marier le plus tôt possible.» - «Tu n'y penses pas sérieusement ? Ce n'est pas encore possible, Denys. C'est trop tôt : on croirait que j'ai juste attendu la fin du deuil légal pour me remarier avec celui que j'aurais toujours dû épouser... Ce serait du plus mauvais goût ! Je connais comme toi la mentalité des gens : ils chuchoteraient que nous avions combiné nos plans depuis longtemps.., peut-être même que tu étais d'accord, de ton lointain Oflag, pour que je fasse un riche mariage dont tu profiterais à ton retour... qu'un divorce est toujours facile, et qui sait ? que j'ai dû contribuer à la mort rapide de mon mari... Non, il ne faut pas que l'on pense ça ! Il ne faut surtout pas qu'on le dise parce que c'est faux et parce que ça nous obligerait à nous éloigner l'un de l'autre... (A suivre...)