Résumé de la 42e partie - Epuisée, Marcelle décide d'aller se reposer à Paris... Ce fut merveilleux. Christiane arriva chez moi dès le dimanche matin, lendemain du départ de Marcelle. Pour éviter les mauvaises langues de la ville, toujours à l'affût d'un scandale possible, elle avait préféré ne pas venir avec sa voiture : j'étais allé la chercher avec la mienne au château. Clémentine était dans notre secret : la pensée que celle qu'elle avait toujours rêvé de me voir épouser venait habiter dans ma vieille maison familiale, la ravissait. Elle était sur le perron, Clémentine, pour accueillir Christiane à sa descente de voiture : une Clémentine souriante, aux petits soins, qui semblait dire : «Enfin ! Ce n'est pas trop tôt ! Mais qu'est-ce que vous attendez donc pour vous marier tous les deux ?» Ce que nous attendions ? Christiane et moi aurions été bien incapables de le dire ! Au fond, je crois que cette situation d'amants nous convenait... Ne le sommes-nous pas encore après deux années, alors que j'écris dans cette pièce et qu'elle repose dans la chambre voisine ? Au moment où Christiane descendit de voiture pour prendre un peu possession de cette maison qui ne demandait qu'à la recevoir, nous ne pensions plus au mariage, mais à l'amour. Les repas furent joyeux. Il était certain que l'atmosphère devenait plus légère quand je n'avais pas, assise en face de moi, Marcelle Davois... A la fin du dîner, Clémentine s'exclama en apportant les fruits : - «On respire bien quand "l'autre" n'est pas là !» Je devinais la pensée intime de ma nounou : si Christiane s'installait définitivement, ce serait le moyen infaillible de faire partir l'autre ! Mais Christiane n'était venue que pour tenter une expérience de vingt-quatre heures et les malades avaient besoin de Marcelle Davois. Deux choses que Clémentine ne comprendrait jamais. Pour la première fois aussi depuis que j'exerçais, le téléphone ne tinta pas : je ne fus dérangé par personne, même pas par la redoutable Mme Fayet me parlant des bobos de sa progéniture ! Ce fut un dimanche rare, à marquer d'une pierre blanche... Le lundi matin, je remplaçai Marcelle pour les visites courantes. J'avais laissé Christiane endormie, je savais que Clémentine veillerait sur elle tout en lui préparant un excellent petit déjeuner. Quand je revins, vers midi, tous les vases de la maison débordaient de fleurs : la main de Christiane était passée dans chaque pièce. Cela me rappela l'époque où mon père disait à ma mère. — «Je ne trouve pas que ce vase de roses, que tu as placé sur la table de mon cabinet, fasse très sérieux ! Tu oublies qu'un cabinet de consultation doit avoir un aspect assez sévère. On n'a pas confiance dans un médecin qui vit au milieu des fleurs !» Et, invariablement, ma mère répondait : - «Mon ami, tu as déjà une profession bien assez triste comme ça ! Il faut l'égayer par tous les moyens !» C'était ma mère qui avait raison, comme Christiane... (A suivre...)