Résumé de la 5e partie - Le Dr Fortier se rappelle que le Pr Berthet lui avait dit : «Cette femme saura vous faire respecter et votre prénom grandira dans la région...» Maintenant, mon petit, je ne veux nullement vous influencer ! Vous êtes jeune, plein de dynamisme, du désir de bien faire et d'inexpérience... A vous seul de savoir si la présence à vos côtés, d'une assistante, dont le métier est sûr, ne vous est pas nécessaire. Vous êtes venu me demander de vous trouver quelqu'un... Sans hésiter, parce que je vous considère comme l'un des meilleurs parmi mes anciens élèves, je suis prêt à me séparer de l'infirmière la plus intelligente que j'aie jamais eue ou connue pendant ma longue carrière... Réfléchissez comme elle... Je tiens d'ailleurs à vous faire remarquer qu'elle n'a pas encore accepté !... Je vous écrirai dans quelques jours pour vous faire part de sa réponse. Au revoir, mon petit Denys... On m'attend au laboratoire». En ressortant de l'Institut du cancer, j'étais perplexe. Une semaine s'écoula avant que me parvienne le mot du professeur Berthet m'informant que Marcelle Davois voulait bien quitter Paris pour devenir mon infirmière assistante dans ma petite ville. La lettre m'indiquait aussi les conditions financières : elles me semblèrent lourdes. Je réfléchis encore pendant quelques jours avant de donner ma réponse. Mais je me sentais de plus en plus débordé et - pourquoi ne pas me l'avouer aujourd'hui à moi-même ? - il me parut préférable d'engager cette assistante, même à un prix très élevé, plutôt que de voir un deuxième médecin venir s'installer dans la ville, notre ville qui avait toujours été et devait rester le fief des docteurs Fortier, et d'eux seuls... Je répondis à mon ancien patron que j'attendais Marcelle Davois le plus tôt possible et que non seulement elle toucherait les appointements demandés, mais qu'elle serait aussi logée, nourrie, blanchie dans ma maison comme elle le demandait, puisqu'elle ne voulait pas avoir à tenir un intérieur pour pouvoir se consacrer entièrement, jour et nuit, à sa seule tâche d'infirmière. Voilà pourquoi j'étais sur le quai, le 2 novembre, attendant l'omnibus de Paris dans lequel elle se trouvait. Elle m'avait envoyé, la veille au soir, un télégramme m'annonçant son arrivée. Enfin le train entra en gare. Peu de voyageurs en descendirent. J'aperçus la longue silhouette de Marcelle Davois se dirigeant vers moi, un nécessaire de voyage à la main. Elle était en infirmière, avec le voile blanc plaqué sur les tempes et drapée dans une cape de gros drap bleu marine. On aurait dit un redoutable oiseau de proie s'avançant vers moi et vers la ville. Ce fut à peine si elle répondit à mon bonjour, se contentant de me tendre un bulletin de bagages. Elle avait une malle plate et deux grosses valises que je chargeai sur ma voiture avec l'aide de Gaston, un employé de la gare que je connaissais depuis mon enfance. (A suivre...)