Résumé de la 9e partie - Le médecin, vu le silence de Clémentine, a le sentiment que son infirmière ne lui plaît pas... Que penses-tu d'elle ? Parle ! » - «Je pense qu'elle aurait bien mieux fait de rester où elle était ! C'est pas une femme ! C'est un monstre.» – «Qu'est-ce que tu veux dire ?» – «C'est vrai : elle ne dit pas un mot. Je lui ai montré sa chambre et les commodités... Elle a tout regardé comme si ça ne l'intéressait pas ! Ce n'était pas ce qu'il te fallait, mon Denys...» – «Oh ! tu sais... Elle ne fera que soigner les malades... Bien entendu, elle n'a pas droit à la direction intérieure de la maison ! Tu restes la seule gouvernante.» – «Je l'es-père bien ! Il ne manquerait plus que cela !» – «Tu lui as dit que l'on dînait à huit heures ?» – «Elle fera bien d'être à l'heure aux repas, parce que je ne l'attendrai jamais pour servir le potage !» – «Rassure-toi, Clémentine, telle que je crois la deviner, Mlle Davois sera toujours ponctuelle.» Je ne m'étais pas trompé. Notre premier repas fut sinistre. Elle mangea peu et sa présence me coupait l'appétit. J'essayai de lui poser quelques questions sur sa vie passée, sur ses goûts, en supposant qu'elle pût en avoir, sur une jeunesse qu'elle semblait n'avoir jamais connue... Ce fut peine perdue : ses réponses furent évasives. C'était à croire vraiment que cette femme était née dans un hôpital ou une clinique et n'avait jamais eu ensuite la curiosité d'en sortir. Elle monta dans sa chambre aussitôt après le repas, prétextant la fatigue du voyage et la nécessité de défaire ses bagages. Au fond, cela m'arrangeait. A chaque fois qu'elle disparaissait, j'éprouvais une sensation de soulagement. Ses derniers mots, avant de monter l'escalier, avaient été : – «A quelle heure, docteur, dois-je prendre mon service demain matin ?» Je répondis «Soyez dans mon cabinet à huit heures : je vous expliquerai le travail que j'attends de vous. Ensuite nous ferons ensemble, en ville, une première tournée des malades qui ont besoin de soins à domicile. Après-demain vous irez les voir seule. L'après-midi est réservée aux consultations ici. Nous en profiterons pour mettre un peu d'ordre dans mes fiches. Voue verrez : vous prendrez très vite la cadence. Bonsoir Marcelle.» – «Bonsoir, docteur.» Son bonsoir était glacial. Je revins dans la bibliothèque pour écouter la radio en fumant ma pipe. La soirée du lundi était à peu près la seule où je n'étais pas ennuyé. J'ignore s'il en est ainsi à Paris, mais les gens sont rarement malades le lundi soir en province ou à la campagne. Les nouveaux malades se révèlent le mardi... Je me souviens que le cancer était excellent. J'étais emporté par la Damnation de Faust de Berlioz quand la sonnerie odieuse du téléphone, cet ennemi mortel des médecins, retentit. Je n'avais qu'à allonger le bras pour prendre l'appareil : - «Allô ?... Ah ! c'est vous, madame Fayet ?... Le troisième ? Il tousse un peu ? Donnez-lui une cuillerée à soupe de l'un de ces excellents sirops que vous avez certainement dans votre pharmacie personnelle.., et un cachet d'aspirine délayé dans un verre d'eau sucrée...vous avez pris sa tempéra-ture ?... (A suivre...)