Tout le monde en convient : le règne des Frères musulmans en Egypte a été une succession d'erreurs. Mais leur erreur fatale est celle d'avoir convié tous les pontifes salafistes, il y a deux semaines, à déclarer le «djihad» contre les chiites et spécialement contre la Syrie. C'est devant une foule hystérique au stade du Caire que Mohamed Morsi, qui se voyait encore au panthéon de sa puissance, décida, dans un aveuglement absolu, de rompre les relations diplomatiques avec Damas. Ce fut, comme l'a écrit le journaliste Hassanine Haykal, l'«erreur fatale» qui décidera l'armée à mettre fin à cette mascarade,en choisissant — ou en provoquant — le moment opportun pour écarter Morsi et suspendre toutes les institutions issues des Frères musulmans. Une source militaire égyptienne a expliqué qu'il s'agissait, pour l'armée, de défendre avant tout la sécurité nationale que la folie des Frères musulmans au pouvoir mettait sérieusement en danger, en voulant s'attaquer à la Syrie, un pays avec lequel l'Egypte des Officiers libres scella un jour une union sacrée. Et ce n'est sans doute pas un hasard si le Président syrien Bachar al-Assad été le premier chef d'Etat à se réjouir de l'intervention de l'armée en Egypte, en prédisant dans une déclaration officielle «la fin de l'islam politique». Ce qui vient de se passer en Egypte est un événement historique qui, et c'est le plus important, ne va pas manquer d'entraîner des changements en série dans tout l'espace arabe. Il sonne le glas de ce macabre «printemps arabe» qui a été vendu aux Arabes par le petit émirat du Qatar, à travers son canal de propagande Al-Jazeera et son lugubre prédicateur Youssef al-Qaradawi et son Union mondiale des oulémas, appuyés par Ankara, Paris, Washington et Tel-Aviv, qui projetaient d'implanter des filières de la confrérie islamiste dans tous les pays arabes. Le plan avait commencé à bien marcher mais, au grand dam de ses promoteurs, il a échoué en Syrie. Moins de quinze jours après la chute du potentat Hamad Ben Khalifa au Qatar et son compradore de cousin, Hamad Ben Jassem, suivi aussitôt de l'expulsion, jamais démentie, d'Al-Qaradawi, le régime islamiste en Egypte s'effondre comme un château de cartes, sous la malédiction syrienne, qui va bientôt poursuivre la Tunisie, où un autre mouvement «rebelle», inspiré du modèle égyptien, vient de voir le jour pour faire payer à ces «maudits Frères» d'Ennahda leur péché capital, celui d'avoir été les premiers à inviter les faux amis de la Syrie. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.