Il n'y a pas à dire, la décision de Mohamed Morsi, président issu des Frères musulmans, de rompre les relations diplomatiques de l'Egypte avec la Syrie s'accorde avec la politique occidentale. En clair, c'est pour faire plaisir aux grandes capitales occidentales qui le regardent depuis l'automne dernier sous son véritable angle, à savoir un président au service de l'idéologie islamiste qui anime son parti, héritier et porte-voix de la confrérie des Frères musulmans. Sa décision, qui, au contraire, va à l'encontre des intérêts stratégiques de l'Egypte, est d'ailleurs intervenue après que les Etats-Unis ont approuvé la fourniture d'armes à l'opposition syrienne. Plus est encore, Morsi a également annoncé qu'il s'accorde totalement sur l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne en Syrie. Ce faisant, il serait ainsi prêt à ouvrir l'espace aérien de son pays et ses aérodromes militaires aux avions de chasse de l'Otan qui seraient mobilisés pour chasser l'administration de Bachar Al-Assad de la Syrie. L'Egypte est certes un des principaux pays dans la région évoluant dans la sphère américaine, mais pas à ce point, est-il relevé au Caire où l'opposition ne se fait pas d'illusions sur le soi-disant nationalisme à la sauce islamiste. Et ce n'est pas l'initiative de Morsi, en parfaite harmonie avec les Etats-Unis, qui les en dissuadera. Par ailleurs, et comme pour enfoncer le clou de la compromission, le président issu des Frères musulmans a également appelé à un sommet arabe pour régler définitivement le compte d'Al-Assad. Il offre l'Egypte comme nouveau sous-traitant dans la région, le Qatar et l'Arabie saoudite étant discrédités pour leurs complots dans les printemps arabes, particulièrement en Libye qui se transforme en base arrière de l'islamisme radical et violent. En outre, ces deux pays se trouvent également confrontés à des questions de transition politique : le roi Abdallah et son homologue le cheikh du Qatar doivent passer le relais. Morsi pense faire meilleure figure chez ses homologues arabes et les convaincre à accepter la mise à mort du règne d'Al-Assad et, du coup, mettre fin également à l'intervention de Hezbollah en Syrie, donc au danger chiite dans une aire sunnite. Mais, au fond, mettre fin à la détresse du peuple syrien n'est qu'un prétexte pour le président égyptien. Ce qu'il recherche activement, c'est le soutien sinon le silence de la part des dirigeants occidentaux sur ses ambitions de politique intérieure. Morsi souhaiterait avoir les mains libres et plus être sous observation dans sa détermination pour imposer son autorité. Le 15 juin, il a encore avertit qu'il ne se laissera pas envahir par les multiples mouvements de jeunes et d'opposants qui ont appelé à manifester à la fin du mois pour une présidentielle anticipée. Devant des milliers d'islamistes rassemblés dans un stade du Caire, le président islamiste a affirmé qu'il agirait avec détermination face à "ceux qui pensent qu'ils peuvent détruire la stabilité", les qualifiant de "partisans et de vestiges de l'ancien régime". Comme Erdogan face à ses opposants en Turquie, Morsi a également décrété que ces jeunes protestataires "n'ont absolument pas leur place parmi nous" ! Ces mises en garde interviennent alors qu'une campagne baptisée "Tamarrod" dit avoir réuni plus de 15 millions de signatures pour exiger le départ du président égyptien. Elle appelle à manifester devant le palais présidentiel le 30 juin, date qui marquera le premier anniversaire de l'entrée en fonction de Morsi. D. B. Nom Adresse email