Patrimoine - Le coup d'envoi du 8e Festival culturel national de la chanson chaâbie a été donné, hier, à la salle Ibn Zeydoun (Riad-el-Feth) dans une ambiance authentiquement algéroise. L'inauguration a été marquée par les rythmes zorna, avant que l'orchestre accompagnant les candidats dans leur prestation n'entame un prélude musical – cet orchestre est spécialement formé pour le festival, composé d'une instrumentation classique, tels le violon, la derbouka, le qanoun, la flûte, le piano, le oud..., ainsi que d'instruments modernes comme la contrebasse et le violoncelle. Plus tard, Mohamed Amine Kardjadja (Chlef) a ouvert le bal de la compétition, suivi de Hania Bakhti (Tipasa), Djamel Razzouki (Alger) et Kahina Hamouche (Tizi Ouzou). Le jeu variait d'un interprète à l'autre selon la manière et le style, l'approche et la présence scénique, mais dans l'ensemble c'était au-dessus de la moyenne. Chacun a su s'imposer avec caractère sur scène, donner le meilleur de soi ; chacun s'est illustré dans une prestation notable et personnalisée, aussi bien sur le plan vocalique que musical. Si Mohamed Amine Kardjadja et Omar Tafiani se sont distingués dans le genre chaâbi, Hania Bakhti et Kahina Hamouche ont, en revanche, brillé dans le style andalou. Les candidats ont, tour à tour, interprété des «qssid» du répertoire du «melhoun», écrits par de grands poètes maghrébins à l'exemple de ‘Mohamed Istafak El Bari', un «medh» à la gloire du Prophète de l'Islam, composé par Cheikh El-Alaoui El-Mostaghanmi, chanté avec maîtrise en mode «ghrib» par Mohammed Kerdjada. Après le passage sur scène des quatre candidats, un hommage été rendu en deuxième partie de soirée au poète algérien disparu en avril dernier Mustapha Toumi, à travers les prestations de Nassim Boor et Mourad Zediri, respectivement lauréats en 2012 et 2010. Tous deux ont brillamment interprété ‘Rayha win' et ‘Soubhan Allah Ya L'tif', deux célèbres poèmes du défunt. Mustapha Toumi nous a quittés à l'âge de 76 ans après avoir marqué plusieurs générations de par sa contribution à l'enrichissement de la culture algérienne. Natif de La Casbah, à la fois artiste auteur, poète, moudjahid, un homme politique et chercheur académique, Mustapha Toumi est aussi l'initiateur et premier directeur du Festival de la poésie populaire en 1969.Ce qu'on lui reconnaît incontestablement, la qacidat ‘Soubhana allah ya Letif' immortalisée par le regretté El-Hadj M'hamed El-Anka, est à ce jour considérée comme un chef-d'œuvre lyrique, un patrimoine du chaabi contemporain. Le 8e Festival national de la chanson chaâbie se poursuit à Alger jusqu'au 26 juillet avec des récitals de candidats et d'anciens lauréats, ainsi que des conférences sur la poésie populaire, organisées en marge des soirées. Aujourd'hui, le chaâbi est un genre musical ayant dépassé les frontières de La Casbah pour gagner d'autres publics, sur tout le territoire national. Et le festival en est une évidence, puisque les candidats viennent de différentes wilayas : Médéa, Guelma, Tiaret, Tizi Ouzou, Chlef, Sétif, Annaba, Mostaganem, Tipasa, Bouira, Skikda.... Cela dit, cette diversité dans la provenance des participants confirme que le chaâbi n'est plus un genre réservé à la seule ville d'Alger où il est né, mais un patrimoine musical à la portée nationale.