Tension - L'Egypte vit ce jeudi une journée de tension, à la veille des manifestations de demain, vendredi, à l'appel de l'armée, d'une part, et des partisans du Président destitué, Mohamed Morsi, d'autre part. Ce sera le vendredi de tous les risques, de tous les dérapages. Il peut être aussi un vendredi noir, un vendredi rouge. A l'appel du général Abdel Fattah al-Sissi des Egyptiens pour lui donner leur caution dans la lutte contre le terrorisme, les Frères musulmans n'ont pas tardé à réagir : ils ont dénoncé la démarche du général Sissi de dangereuse, elle est perçue comme un appel à la guerre civile et ont lancé à leur tour des appels à la mobilisation. Ainsi, les partisans du Président déchu ont lancé, dans un communiqué, un mot d'ordre de manifestation demain vendredi depuis une trentaine de mosquées du Caire et à travers le pays. Ils ont aussi condamné hier, mercredi, un «appel explicite à la guerre civile», après le discours du chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, en faveur de manifestations pour le soutenir face au «terrorisme». «Les menaces de Sissi, chef du coup d'Etat militaire sanglant, sont une déclaration de guerre civile», insiste le mouvement, ajoutant que le général «porte l'entière responsabilité de l'effusion du sang des Egyptiens». Ce discours «ressemble à celui de Bachar, qui a lancé sa guerre contre le peuple syrien en demandant un mandat similaire», estiment les Frères musulmans, en référence au Président syrien Bachar al-Assad. «J'appelle tous les Egyptiens honnêtes à descendre dans la rue vendredi pour me donner mandat pour en finir avec la violence et le terrorisme», a déclaré, hier, mercredi, le général Sissi, lors d'une cérémonie militaire. Il a exhorté la population à «descendre dans la rue pour montrer sa volonté au monde, comme avant le 30 juin et le 3 juillet», en référence aux manifestations de masse pour exiger le départ de M. Morsi, puis à sa destitution par l'armée. Sur le terrain, deux soldats ont été tués, hier, mercredi, dans une attaque dans le nord du Sinaï, frontalier d'Israël et de la bande de Gaza. Trois autres personnes ont été tuées dans cette région par l'explosion d'une voiture piégée à bord de laquelle elles circulaient. Un policier a été tué dans la nuit de mardi à mercredi et 28 autres personnes blessées par un engin explosif devant le commissariat central de Mansoura, dans le delta du Nil (nord), selon les services de santé. L'attentat n'a pas été revendiqué, mais survient dans un contexte d'affrontements souvent meurtriers depuis la déposition de M. Morsi, qui ont fait quelque 170 morts, ainsi qu'une quarantaine d'autres - membres des forces de l'ordre, civils, jihadistes - dans le Sinaï. Par ailleurs, la chaîne qatarie Al-Jazeera, accusée de «couverture partisane» en faveur du camp Morsi, a dénoncé «une campagne de diffamation» et «de pressions», protestant contre la détention d'un de ses cameramen et «une agression par des inconnus» contre un membre de l'équipe de production.