Le général Abdel Fattah al-Sissi s'est résolument engagé à lutter contre le «terrorisme» islamiste Ces prises de position font redouter un risque d'escalade, dans un contexte de tensions politiques exacerbées déjà marqué depuis près d'un mois par des violences souvent meurtrières. Le chef de l'armée égyptienne, le général Abdel Fattah al-Sissi, a appelé hier la population à manifester massivement pour lui donner «mandat d'en finir avec le terrorisme», intensifiant l'épreuve de force avec les islamistes mobilisés en faveur du président destitué Mohamed Morsi. Un dirigeant des Frères musulmans, Essam el-Erian, a aussitôt rejeté les «menaces» du général Sissi, et a assuré qu'elles ne dissuaderaient pas «des millions de gens de continuer à manifester» pour le rétablissement de M.Morsi. Ces prises de position font redouter un risque d'escalade, dans un contexte de tensions politiques exacerbées déjà marqué depuis près d'un mois par des violences souvent meurtrières. «J'appelle tous les Egyptiens honnêtes à descendre dans la rue vendredi pour me donner mandat pour en finir avec la violence et le terrorisme», a déclaré le général Sissi, en grand uniforme et le regard caché par des lunettes noires, lors d'une cérémonie militaire. Il a exhorté la population à «descendre dans la rue pour montrer au monde leur volonté comme avant le 30 juin et le 3 juillet» en référence aux manifestations de masse pour exiger le départ de M.Morsi, puis à sa destitution par l'armée. Le général, qui est également vice-Premier ministre et ministre de la Défense, a réaffirmé n'avoir fait qu'accomplir la volonté du peuple en destituant M.Morsi, dont il n'a pas prononcé le nom, le désignant uniquement comme «l'ancien président». «Nous avons présenté trois fois à l'ancien président trois analyses stratégiques sur la situation», a-t-il indiqué, assurant que M.Morsi avait rejeté toute proposition de compromis avec les opposants exigeant sa démission. «On ne peut pas revenir sur la +feuille de route+» de transition, a-t-il prévenu, se disant «prêt à des élections sous supervision internationale du monde entier». Le général Sissi a assuré que des proches du président avaient tenté de le dissuader de le déposer en «disant qu'il y aurait beaucoup de violence à cause des groupes armés». Un policier a été tué dans la nuit de mardi à mercredi et 28 autres personnes blessées par un engin explosif devant le commissariat central de Mansoura, dans le delta du Nil (nord), selon les services de santé. L'attaque n'a pas été revendiquée, mais elle survient dans un contexte d'affrontements souvent meurtriers depuis la déposition de M.Morsi. Les partisans du président déchu ont «condamné l'attentat criminel» de Mansoura, réaffirmant leur engagement à «des manifestations pacifiques» et «dénonçant les actes de violence». Un soldat a en outre été tué hier dans une attaque dans le nord du Sinaï, frontalier d'Israël et de la bande de Ghaza. Près de 170 personnes ont trouvé la mort dans les troubles depuis la fin du mois de juin, et une quarantaine d'autres - membres des forces de l'ordre, civils, jihadistes - ont été tuées dans des attentats ou des opérations militaires dans la région instable du Sinaï au cours de cette période. Le Qatar, principal soutien des Frères musulmans égyptiens, s'est pour sa part inquiété du «maintien en détention du président élu Mohamed Morsi avec les risques que cela comporte pour la glorieuse révolution du 25 janvier» 2011, qui a abouti au départ du président Hosni Moubarak le 11 février 2011. Une sortie de crise passe par «un règlement politique, fondé sur le dialogue dans le cadre de l'unité nationale. Et cela ne peut se faire en l'absence de l'une des parties et le maintien en détention de ses dirigeants», a estimé le ministère des Affaires étrangères du Qatar, en référence à M.Morsi, au secret depuis le 3 juillet ainsi que plusieurs de ses proches collaborateurs. Par ailleurs, la chaîne qatarie Al-Jazeera, accusée de couverture favorable au président destitué, a dénoncé «une campagne de diffamation» et «de pressions», outre «des menaces continues contre ses équipes de travail», protestant contre la détention prolongée d'un de ses cameramans et «une agression par des inconnus» contre un membre de l'équipe de production.