Soirée - L'ambiance était authentique, joliment rythmée, agrémentée par des sonorités puisées du terroir. C'est dans cette ambiance rappelant agréablement les veillées ramadanesques que s'est clôturée la 8e édition du Festival national de la chanson chaâbie. La soirée de clôture, hier, à la salle Ibn Zeydoun, a été marquée par le passage sur scène de trois grands de la chanson chaâbie, à savoir Mustapha Belahcène, Sid Ali Lekkam et Abderrahmane El-Kobbi qui se sont succédé sur scène pour donner du plaisir à l'assistance. Tous trois, la voix posée et l'attitude empreinte de sagesse, ont gratifié l'assistance d'une prestation unique, reflétant la personnalité de chacun, ils l'ont marquée en interprétant chacun, avec une rare intensité, leur répertoire, plongeant ainsi le public – très attentif – dans un profond silence pour mieux apprécier l'intensité de la mélodie et des paroles. Leur prestation témoignait d'un souci de l'exigence et de la rigueur dans l'exécution. Tous les présents à cette soirée de clôture, aussi bien les connaisseurs que les amateurs, étaient suspendus à l'interprétation qui était rehaussée par la présence scénique de chacun des interprètes, présence impressionnante et accrocheuse. Leur jeu était un moment de recueillement, équilibré, harmonieusement modulé, chargé d'émotion. Comme à chaque édition et ce, depuis 2006, année du lancement de la manifestation, le Festival donne lieu à une compétition entre jeunes talents versés dans la chanson chaâbie. Cette année, le Festival a présenté depuis son lancement le 19 juillet, des prestations acceptables, installant les jeunes concurrents sur les bases d'une carrière prometteuse. Représentant Alger, Chlef, Tipasa, Mostaganem, Bouira, Tizi Ouzou, Béjaïa, Tiaret, Guelma, Jijel, Sétif, Annaba et Skikda, les jeunes voix, motivées et en quête de succès, se sont succédé pour proposer des programmes de leur choix, tirés pour la plupart des «madihs» et du «nabawi» dans des modes et rythmes différents. Les jeunes artistes sont allés de l'avant dans un élan technique et une présence vocale appréciables. La concurrence était grande, vu le niveau des jeunes interprètes. C'est ainsi que Azzouz Abdelghani, Salhaoui El-Hadi d'Alger et Meddah Ammar de Médéa, ont été classés respectivement premier, deuxième et troisième sur les 32 candidats engagés dans ce concours. Pour sa part, Kahina Hammouche de Tizi Ouzou – une des deux uniques femmes concurrentes – a obtenu le Prix du jury, alors que la distinction d'honneur Mustapha-Toumi, poète et parolier disparu en avril dernier et à qui le festival a été dédié, a été remise à un membre du jury, Abderrahmane Aïssaoui, pour sa précieuse contribution à la promotion de la chanson algérienne. Nassim Bour, premier Prix de l'édition précédente, a remis l'instrument d'honneur du festival (mandole) à Azzouz Abdelghani, dans une nouvelle pratique instituée par les organisateurs symbolisant la transmission du mérite.