Accords - Quatre jours d'affrontements entre les tribus touareg et arabes ont fait, selon différentes sources, 15 morts et 50 blessés. La ville de Bordj Badji Mokhtar retrouve peu à peu son calme à la faveur d'un accord permettant de mettre fin à ce conflit tribal. L'accord a été établi à l'issue d'une rencontre ayant regroupé, au siège de la daïra de Bordj Badji Mokhtar, des représentants des tribus arabe «Brabiche» et targuie «Idnane», en présence de notables de la région et des représentants de l'Assemblée populaire communale (APC) de Bordj Badji Mokhtar, selon un communiqué de la wilaya d'Adrar cité par l'APS. Les participants à cette rencontre ont indiqué, selon le communiqué, être parvenus à «un accord final pour résoudre les différends à l'origine des douloureux événements étrangers aux principes de tolérance et de coexistence connus des habitants de la région». Les représentants des deux tribus ont appelé les sages, notables et intellectuels, à «s'impliquer pour faire aboutir cette initiative et prendre part efficacement au développement et à la stabilité de la région». Est-ce la fin d'un conflit qui ne date pas d'aujourd'hui ? Quoi qu'il en soit, selon El Watan paru ce dimanche, «la ville de Bordj Badji Mokhtar est en état de siège. Les autorités militaires et civiles se sont regroupées au siège de la daïra pour suivre les événements». L'arrivée d'importants renforts, selon El Watan, des escadrons d'intervention rapide de la Gendarmerie nationale dépêchés d'Alger et des wilayas limitrophes sur réquisition du wali d'Adrar, a «permis l'arrestation d'au moins une quarantaine de personnes lors des échauffourées de la nuit de jeudi à vendredi.» «Des opérations qui n'ont malheureusement pas évité d'autres affrontements dans la matinée du vendredi dernier». Et de préciser : Après la tenue de la réunion extraordinaire de la commission de sécurité de la wilaya, à la daïra de Bordj Badji Mokhtar, le wali a procédé à la réquisition des unités de maintien de l'ordre de la Gendarmerie nationale. Le dispositif n'a été totalement installé que vendredi dernier, à la mi-journée. Hier, samedi, aucun incident n'a été signalé. «La ville de Bordj Badji Mokhtar a été totalement quadrillée par les unités de la Gendarmerie nationale qui veillaient au grain pour éviter l'embrasement», lit-on encore dans les colonnes de notre confrère Le quotidien El Khabar a rapporté dans ses colonnes que toutes les issues de la ville de Bordj Badji Mokhtar étaient fermées (hier samedi) interdisant ainsi toute entrée et toute sortie sauf après «une vérification» d'identité au moment où les services de sécurité mènent de vastes opérations de perquisitions dans les domiciles de la ville à la recherche d'éventuelles armes, qu'elles soient blanches ou à feu. Le même quotidien parle également d'un couvre-feu instauré depuis vendredi dernier. Alors qu'un déplacement du ministre de l'Intérieur est annoncé dans la région, les notables, eux, exigent selon El Khabar, «une visite du Premier ministre en personne». Mais aussi le départ de l'actuel chef de la daïra de Bordj Badji Mokhtar ainsi que le commandant local de la Gendarmerie Nationale, toujours selon El Khabar. Des mains étrangères ? Pour les notables de la région, ces affrontements sont le résultat de l'accumulation de plusieurs problèmes non seulement intra-communautaires, mais aussi socioéconomiques, liés à la situation au nord du Mali. «Ce sont des Algériens qui ont des ramifications familiales au nord du Mali. Inévitablement, ils vont subir les répercussions de la guerre», a-t-on précisé. Il est vrai que de tout temps entre ces deux communautés il y a eu des problèmes liés à l'eau, au commerce et autres, mais elles ont surmonté les crises en cohabitant là où elles se rencontrent, que ce soit à Bordj Badji Mokhtar, à Tamanrasset ou à Djanet.» «L'animosité entre les deux existe», écrit encore El Watan. C'est une lame de fond. Pour déstabiliser une des régions, il suffit de l'attiser. «C'est ce qui s'est passé à Bordj Badji Mokhtar», a expliqué un notable très connu dans la région qui a refusé de décliner son identité, cité par le même quotidien. Il a refusé de citer les parties responsables de la situation, en indiquant toutefois : «L'Algérie n'a jamais été visée dans son unité comme cela est le cas depuis quelque temps. Il y a des mains étrangères qui veulent embraser le sud du pays. Il faut que les autorités algériennes soient suffisamment conscientes de ce danger et réagissent avant que le feu ne se propage. Une piste évoquée également par El Khabar qui parle de l'implication «de gens venus du Nord du Mali dans les événements mais aussi des militants de formations politiques trop connues au Mali». Des rumeurs sur des affrontements à Tamanrasset circulent depuis déjà quelques jours. Les tribus, qu'elles soient targuies ou arabes, ont toutes des prolongements dans les villes du Sud et la solidarité peut les entraîner dans des situations de crise extrêmement dangereuses.